Derrière les décisions administratives, il y a des vies humaines !

Âgés de 42 ans et ensemble depuis huit ans, nous avons rapidement souhaité avoir des enfants mais avons été confrontés à des problèmes d’infertilité. Après un parcours médical de procréation éprouvant, qui a duré cinq ans, notre dernier espoir de devenir parent est aujourd’hui l’adoption.

Enfance & Familles d’Adoption (EFA) ouvre son site aux familles inquiètes des perspectives de réorganisation de l’Agence française de l’adoption (AFA). Les témoignages présentés sont représentatifs des ressentis et inquiétudes des candidats à l’adoption, mais aussi de l’aide que leur a apportée l’AFA dans la réalisation de leur projet familial.

Ce projet nous tient vraiment à cœur et l’attente devient de plus en plus difficile à gérer. Cela fait trois ans que nous avons commencé ce parcours entre agrément, liste d’attente AFA pour le pays choisi puis, une fois sorti de la liste d’attente, dépôt de notre dossier dans la région de Saint-Pétersbourg.

Nous sommes maintenant en attente d’une proposition d’enfant. Nous avons profité de ce temps pour suivre des formations avec l’AFA, pour participer aux groupes de parole d’EFA de notre département, pour rencontrer des médecins spécialistes de l’adoption, pour rencontrer des parents adoptants et leurs enfants pour nous préparer au mieux à accueillir notre futur enfant. Normalement, si tout se passe bien, nous devrions avoir une proposition d’ici 6 à 12 mois. Vous imaginez ce sentiment de toucher du bout des doigts ce rêve de devenir enfin parents, même si nous sommes conscients que ce ne sera pas de tout repos !

La fusion de l’AFA avec le GIPED et le risque de voir les accréditations suspendues, voire annulées, seraient catastrophiques pour nous. Catastrophique au niveau émotionnel, psychologique mais aussi au niveau financier. Notre projet risquerait de ne jamais aboutir vu l’augmentation de notre âge (qui diminue nos chances de nous voir attribuer un enfant de moins de 5 ans) mais aussi pour des raisons financières. L’adoption en Russie engendre des frais très importants (28000 euros : frais de traduction, de légalisation, frais pour notre correspondant russe, frais pour les administrations, pour l’orphelinat, le jugement, les déplacements, etc.). Nous avons déjà commencé à débloquer une partie de cette somme avec l’envoi de notre dossier. Nous avons donc dû faire un crédit pour financer en partie ce projet (en plus des aides de la famille et d’économies depuis deux ans).

La fusion pourrait ainsi nous obliger à repartir de zéro. Tous les fonds que nous avons déjà versés seraient perdus et nous n’aurons plus les moyens de recommencer une nouvelle procédure. C’est notre projet de vie et de couple qui risque de s’effondrer et nous ne savons pas comment nous pourrions nous relever d’une telle épreuve.

Une adoption nationale est quasi impossible : dans notre département, en 2016, il y a eu quatre enfants proposés à l’adoption pour près de 400 familles en attente. Ainsi, pour un grand nombre de parents, le seul espoir reste l’adoption internationale.

Depuis que nous avons appris le projet de fusion, nous sommes très mal, nous avons peur de ne jamais pouvoir devenir parents. D’autant plus inquiétant qu’il n’y a aucune communication de la part du gouvernement. On a le sentiment que les conséquences ne sont pas du tout prises en compte comme si la vie de futurs parents qui se battent pour un jour pouvoir adopter un enfant ne les intéresse pas ! Sans parler du sort des enfants qui attendent qu’un jour leurs parents viennent les chercher. Il faut savoir qu’en Russie, on rencontre l’enfant plusieurs fois avant d’accepter l’adoption et de passer en jugement. Quelles seraient les conséquences pour ces enfants qui auraient rencontré leurs parents sans que la procédure n’aboutisse ?

Voilà notre témoignage en espérant qu’il aidera à une prise de conscience des politiques : derrière les décisions administratives, il y a des vies humaines !