EFA et la scolarité des enfants adoptés

Si depuis plus de 10 ans, les travaux d’Enfance & Familles d’Adoption (enquêtes, congrès et colloque, numéros de la revue Accueil, dont le dernier paru – juin 2016 – sur la scolarité des enfants adoptés, un guide de l’adoption à l’intention des enseignants) ont fait apparaître que l’adoption n’est pas synonyme d’échec scolaire, il ne faut pas sous-estimer, pour autant, les fragilités potentielles liées à l’histoire sociale, physique, affective, de l’enfant.

Quelles conséquences peut avoir l’histoire de l’enfant adopté sur les apprentissages et comment l’accompagner ?

Les enfants adoptés peuventils avoir plus de difficultés à l’école du fait de leur histoire préadoptive ? Sontils en échec scolaire ?

L’enquête EFA en 2015 sur « Le devenir des jeunes ayant grandi dans une famille adoptive » en France a montré que la majorité d’entre eux (53% exactement) obtient au minimum un baccalauréat. Si on considère les enfants adoptés sans problème de santé ni risque de carence affective et n’ayant pas redoublé en primaire, la proportion de bacheliers atteint 70% ce qui est proche de la moyenne nationale en France. Il faut donc dédramatiser la question de la scolarité des enfants adoptés puisqu’une majorité d’entre eux effectue une scolarité « normale » : l’adoption n’est pas synonyme d’échec scolaire.

Cependant, la grande minorité d’entre eux rencontre des difficultés persistantes au cours de leur scolarité en partie liées à leur histoire avant l’adoption. La scolarité de ces enfants est alors complexe et peut parfois altérer les relations au sein de la famille et avoir des conséquences sur l’ensemble de la vie du jeune. Les difficultés rencontrées à l’école sont inhérentes à l’acte d’apprendre et chaque enfant, adopté ou pas, peut y être confronté à cause :
 — de troubles spécifiques du langage et des apprentissages (la dyslexie et autres troubles DYS) ou de troubles de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) ;

 — de problèmes de santé ou de handicap.

L’enfant adopté peut aussi avoir des difficultés persistantes à l’école en termes d’apprentissage, d’attention et de comportement à cause de son histoire avant l’adoption et de son abandon. Avant son adoption, il a pu souffrir de problèmes de santé (malnutrition, maladies…) ou de carences affectives (délaissement, accueils successifs, maltraitance…). Il a pu aussi souffrir de problèmes liés à ses conditions de vie in utéro : consommation d’alcool, de drogues ou stress important de sa mère biologique. L’abandon, véritable traumatisme, pourra engendrer des mécanismes de défiance et d’insécurité. Lorsqu’il est adopté grand, en France ou à l’International, son histoire pré-adoptive peut être plus lourde et l’enfant à l’arrivée dans sa nouvelle famille adoptive perd ses repères (nouvel environnement, nouvelle culture, parfois nouvelle langue…).

Il ne s’agit pas de désigner l’enfant adopté à l’école comme une catégorie d’élèves à part, au risque de le stigmatiser ainsi que sa famille, mais de mieux comprendre ses besoins, ses difficultés pour apprendre et de permettre à ses parents et à ses enseignants de mieux l’accompagner et l’orienter.

Quelles sont les principales difficultés spécifiques d’apprentissage de certains enfants adoptés ?

 — Un niveau d’anxiété et de stress élevés : En cas de stress, l’organisme de l’enfant produit une substance appelée cortisol qui, lorsque son taux est élevé de façon chronique, a des impacts négatifs sur le cerveau. Un stress élevé va gêner voire empêcher un enfant de comprendre, mémoriser à court et long terme, distinguer ce qui est important de ce qui ne l’est pas, assimiler de nouveaux apprentissages.
 — Des difficultés à être attentif et à gérer ses émotions qui ne sont pas toujours un TDAH et qui peuvent générer des problèmes de comportement en classe et à l’école.

 — Des problèmes de structuration dans l’espace et dans le temps parce que l’enfant aura souffert de malnutrition ou de délaissement (pas de soin ni de repas à heure régulière ; pas de référent « attachement »).

 — Un manque affectif qui a des conséquences sur la disponibilité aux apprentissages : L’enfant est absorbé par ses pensées, ses inquiétudes et a peur de se mettre en danger en prenant le risque d’apprendre et de se tromper.

 — Des difficultés ou des troubles de l’attachement qui ont un impact sur le lien à l’enseignant et la qualité des apprentissages : L’enfant qui a un profil « insécure – évitant » (solo) pense devoir se débrouiller seul sans demander l’aide de l’enseignant. S’il n’arrive pas à réaliser la tâche demandée, il va faire semblant de travailler et ne
fera pas ce qui est demandé. L’enfant au profil d’attachement « insécure – ambivalent, anxieux » (velcro) est incapable de commencer ou de poursuivre son effort cognitif de façon autonome. Il dépend de la présence rassurante de l’enseignant. Il reste passif devant la tâche. Il s’empresse de demander de l’aide sans essayer par lui-même. Enfin, l’enfant avec un profil « insécure – désorganisé » (sumo) n’a pas confiance en l’adulte. Il est en mode survie soit en opposition avec l’enseignant soit dans la fuite et l’évitement total des apprentissages.
 — Une identité quelques fois difficile à reconstituer notamment à l’adolescence avec une priorité donnée à la quête des origines : Cela peut jouer sur l’estime de soi et entraîner des difficultés à se projeter dans l’avenir et des problèmes de décrochage scolaire.

Comment accompagner les enfants adoptés et leur offrir les conditions d’un bon apprentissage ?

Il ne peut y avoir d’apprentissage de qualité sans un environnement « sécure » et bienveillant. Il est important que les parents préparent la scolarité de l’enfant avant son arrivée au foyer. Dans le cas de l’adoption d’un enfant grand en particulier à l’international, il est primordial que l’enfant puisse d’abord passer du temps avec sa famille avant d’être scolarisé, dans la mesure où la construction de l’attachement avec ses parents adoptifs va le sécuriser, le valoriser et lui donner l’envie d’apprendre, ce qui aura un impact positif sur sa scolarité. Cette préconisation se heurte en France à l’obligation d’instruction scolaire dès l’âge de trois ans, et à l’injonction d’intégrer l’enfant dans une classe correspondant à son âge et non à son niveau scolaire. Des dérogations peuvent être obtenues au cas par cas auprès de l’inspecteur d’Académie de l’Éducation nationale. Les parents peuvent choisir l’instruction à domicile mais celle-ci est désormais accordée par dérogation.

Les parents doivent ensuite s’efforcer de maintenir un bon dialogue et une synergie positive avec les personnels de l’Éducation nationale pour permettre à l’enfant de prendre sa place à l’école et d’être accompagné dans son parcours, au même titre que tout enfant ayant des besoins spécifiques. Lors de la 1ère entrée à l’école ou lors de l’arrivée au collège, il convient de se poser la question avec l’enfant des informations sur son histoire qui seront fournies aux enseignants, aux autres parents et aux camarades de classe.

Chaque parent doit trouver la juste distance avec la scolarité de son enfant et ne pas hésiter à chercher de l’aide en dehors du noyau familial : aide aux devoirs à déléguer à un tiers si nécessaire ; participation à un groupe de parole de parents adoptifs pour échanger sur les réussites et les difficultés des enfants à l’école et en-dehors de l’école. Peut-être aussi conviendra-t-il aux parents d’adapter leurs attentes de réussite scolaire aux capacités réelles de leur enfant ?

Certains enfants rencontrent des difficultés durables qui nécessitent l’accompagnement de professionnels (psychologues, psychomotriciens, logopèdes…) au sein ou hors de l’école. Ils doivent aussi bénéficier des dispositifs d’aides, d’adaptations et d’aménagements pédagogiques qui existent à l’école, au collège ou au lycée en fonction de leurs difficultés et de leurs besoins. C’est important que les parents connaissent ces dispositifs pour échanger avec les enseignants de façon profitable à l’enfant.

Pour conclure, il faut laisser du temps à nos enfants pour trouver leurs voies. Il n’y a pas que l’école !

Télécharger l’article EFA publié par le SSI (pdf)

Article publié par le Centre International de Référence pour les droits de l’enfant privé de famille (SSI/CIR)

Juin 2016 : la revue Accueil consacre son dossier à la scolarité des enfants adoptés

La scolarité des enfants est au cœur des préoccupations de tous les parents. Les précieuses informations sur le parcours scolaire et la réussite des enfants adoptés apportées par l’étude d’EFA sur le devenir des adoptés (2015) nous ont invités à revenir sur ce sujet et à ouvrir de nouveaux champs de réflexion. En croisant les apports des professionnels et les témoignages des parents, on découvre aussi des parcours parfois surprenants pour lesquels le temps et la qualité du dialogue engagé avec les enseignants sont des atouts de poids. Réfléchir à la façon d’aider les enfants à vivre le plus harmonieusement possible le temps de l’école peut sans doute amener à revisiter la notion de réussite scolaire elle-même.

La Revue Accueil

Accueil est une revue trimestrielle réalisée par EFA. C’est la seule revue française consacrée à l’adoption. Accueil propose des témoignages d’adoptés et d’adoptants, des textes émanant de travailleurs sociaux, psychologues, psychanalystes, sociologues, juristes, écrivains.

La synthèse de l’étude d’EFA sur le devenir des adoptés (15-30 ans)

Cette étude présente une synthèse des résultats de l’enquête française inédite, Le devenir des jeunes ayant grandi dans une famille adoptive : enquête sur les adoptés et leurs frères et sœurs, à laquelle 650 jeunes de 15 à 30 ans et 800 parents ont répondu en apportant leurs témoignages.

L’enquête a été réalisée en 2013-2014 par Enfance & Familles d’Adoption et deux centres de recherche. Les responsables scientifiques de l’enquête sont :

Michel Duyme, psychologue, directeur de recherche au CNRS, Université de Montpellier ;
Farid El Massioui, professeur, UFR de psychologie, Université Paris 8 ;
Jacques Vaugelade, chercheur démographe (IRD)

L’enquête a reçu le soutien financier de la région Île-de-France, dans le cadre de son dispositif « PICRI » (Partenariats institutions-citoyens pour la recherche et l’innovation).

La synthèse de l’étude est à votre disposition

Journée d’étude « Les ados adoptés sont-ils des ados comme les autres ? (Paris, 18 octobre 2013)

Retrouvez ci-dessous les contributions de Juliette Halifax, Claire Tridon et Anne de Truchis.

Le 18 octobre 2013, à la veille de son congrès, EFA a organisé une journée d’étude à la Cité des sciences et de l’industrie pour présenter le contexte et les premières tendances de sa grande enquête scientifique « Adolescence, adoption et orientation », conduite avec deux centres de recherche (universités Montpellier 1 et Paris 8), et le soutien de la région Ile de France.

Quelles sont les difficultés rencontrées ? Quel rôle jouent le stress et les émotions dans les apprentissages ? Les jeunes adoptés éprouvent-ils plus de difficultés d’orientation que les autres jeunes de leur âge ? Ces difficultés sont-elles à nuancer selon l’origine des enfants, leur âge au moment de l’adoption, leur sexe ? Sur quels facteurs peut-on agir pour les atténuer ?

Consacrée à la scolarité des enfants adoptés, et à cette enquête inédite de grande envergure, cette demi-journée a réuni chercheurs, professionnels et représentants des familles adoptives en présence de 80 personnes. Elle s’est déroulée en deux temps.

La scolarité des enfants adoptés, un enjeu pour les enfants, les familles et la société : perspectives croisées

— Juliette Halifax, chercheuse, auteur de l’étude sur le devenir des enfants adoptés, 2013, CREAI de Picardie, “Scolarisation des enfants adoptés en 2005, 2008, 2010”

Présentation des éléments relatifs à la scolarisation tels qu’ils ressortent de l’Étude relative au devenir des enfants adoptés en France et à l’international (CREAI de Picardie, Direction Ministère des Solidarités et de la Cohésion sociale, 2013). Cette étude s’appuie sur 400 questionnaires remplis par des parents et des entretiens auprès de 27 personnes concernées par l’adoption. Les apprentissages et la scolarisation figurent parmi les difficultés rencontrées par les parents. Lire la présentation

— Claire Tridon, chargée des questions de scolarité à EFA, “EFA et la scolarité des enfants adoptés”

Les
 questions 
liées 
à 
la 
scolarité 
sont 
au 
centre 
des 
préoccupations 
des
 parents 
adoptifs.
 Cela
 ressort
 avec
 grande
 force,
 au
 sein
 de
 nos
 associations
 départementales,
 lors
 des
 réunions
 publiques,
 dans
 les
 groupes
 de
 parole
 ou
 lorsque
 les
 administrateurs
 sont
 directement
 interpellés
 sur 
des 
situations 
critiques. 
Pour 
répondre 
à 
cette 
préoccupation
 prégnante 
les 
associations 
départementales 
organisent 
des 
temps 
d’échanges 
autour 
de 
ce sujet,
 que 
ce 
soit 
des 
groupes 
de 
parole, 
des 
rencontres 
autour 
d’un 
café, 
des 
journées 
ou 
des 
soirées 
thématiques.
 Lire la suite

— Anne de Truchis, pédiatre, responsable de la Consultation d’orientation et de conseil en adoption de l’hôpital de Versailles, “L’école vue depuis une consultation adoption”

L’école est le lieu où s’expriment souvent les vulnérabilités de l’enfant adopté. Lieu de socialisation qui demande à mobiliser d’importantes capacités d’adaptation, c’est aussi un endroit normatif, que ce soit du fait des parents, qui aimeraient voir leur enfant vivre la même vie que les autres du même âge et rattraper le niveau scolaire, du fait des professeurs pour lesquels le nombre d’enfants rend difficile de personnaliser la relation, du fait de l’Education nationale dans sa logique égalitaire, du fait de l’entourage social, familial et amical qui aimerait oublier ce que cet enfant pourrait avoir de différent, et finalement du fait des enfants eux même qui désirent plus que tout ressembler à tout le monde. Or c’est souvent dans le cadre scolaire qu’on constate les premières difficultés des adoptés : difficultés à trouver sa place dans un groupe, dans une relation interpersonnelle avec un ou deux camarades ou au contraire accrochage relationnel laissant peu de place aux apprentissages, difficultés de concentration et d’attention liés souvent à une adaptation anxieuse. Ces enfants qui ont un vécu de groupe particulier (la vie en orphelinat) ont parfois des résurgences douloureuses qui les empêchent de rentrer dans les apprentissages. La relation duelle est le nœud de leur sécurisation et l’école telle qu’elle est proposée aujourd’hui ne peut pas toujours la leur offrir. Lire la suite

—  Luc Pham, directeur adjoint de l’Académie de Paris

Point d’étape sur l’enquête « adolescence, adoption et orientation » : pertinence, critères, premières tendances

— Michel Duyme, directeur de recherche au CNRS, Université Montpellier 1(EA 2415)
Farid El Massioui, professeur de Paris 8 (EA 4004, UFR de psychologie)
Jacques Vaugelade, démographe à l’Institut de recherche et de développement (IRD)

Avec plus de 1000 questionnaires remplis par des parents et plus de 400 questionnaires remplis par des jeunes, le taux de réponses jeunes est de 38%. Déjà, les réponses font émerger des éléments très intéressants, sur la santé, la scolarité, l’accès aux origines — et un décalage entre la perception des parents et la perception des jeunes. L’enquête doit se clôturer le 31 mars 2014. Un colloque scientifique et une journée de restitution sont prévus en 2015.

 Télécharger le programme de la journée d’étude (18 oct. 2013)

Enquête « Adolescence, adoption, orientation »

L’enquête lancée par EFA avec 2 centres de recherche (Universités Paris 8 et Montpellier 1) et le soutien de la région Ile de France s’est clôturée le 31 mars 2014. La phase de réponses aux questionnaires est maintenant terminée. Nous remercions les parents (plus de 1200) et les jeunes (plus de 600) qui y ont participé.
L’équipe de recherche a commencé les analyses. Avant la restitution lors d’un colloque international qui aura lieu les 4 et 5 juin 2015 à Paris, des articles sont publiés régulièrement dans
la revue Accueil. Ils mettent le focus sur un ou plusieurs sujets abordés dans l’enquête.

Le premier article, “L’estime de soi et la satisfaction de sa vie” est paru dans la revue Accueil n°171.
Un second article, “Scolarité des enfants adoptés : les diplômes” est paru dans Accueil n°172.
Un article sur la question des origines paraîtra dans Accueil n°173.

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La question de l’orientation et des difficultés particulières qui peuvent se révéler à l’adolescence n’avait pas été particulièrement explorée dans la précédente enquête d’EFA sur la scolarité des enfants adoptés. L’adolescence est une période où se manifestent des fragilités, potentiellement accrues pour les enfants adoptés. D’où les questions les concernant quand ils sont confrontés aux orientations à prendre en fin de troisième (ou de seconde) :

  • Comment se passe la relation à l’école au moment de l’adolescence ? Le cas échéant, quelle est la nature des difficultés rencontrées ? Quelles en sont les causes ? Quelles solutions ont pu être esquissées, avec quelle pertinence ?
  • Pour les adoptés : relations entre stress, émotions et apprentissage ?
  • Éprouvent-ils plus de difficultés d’orientation après la classe de troisième que les autres jeunes de leur âge ?
  • Ces difficultés sont-elles à nuancer selon l’origine des enfants, leur âge au moment de l’adoption, et entre garçons et filles ?
  • Sur quels facteurs peut-on agir pour les atténuer ?

EFA se préoccupe de la scolarité des enfants adoptés

Notre souci

Informer pour éviter les méconnaissances, les a priori, les maladresses, même avec les meilleures intentions, que nous rapportent les familles.

Notre volonté

  • Donner du temps au temps :
    — en évitant une scolarisation trop précoce et en tenant compte de l’histoire de l’enfant
    — en mettant en œuvre les cycles et en les utilisant dans l’intérêt de l’enfant
    — en acceptant que l’enfant présente un retard par rapport à sa classe d’âge
  • Utiliser les dispositifs existants pour la scolarisation des enfants adoptés « grands »

Des pistes de travail

  • Éviter de survaloriser les « différences » (couleur de peau, langue, culture …)
  • Décoder les attitudes des parents (« il est fragile … mais… »)
  • Veiller aux attentes des enseignants
  • Favoriser la mise en confiance et l’estime de soi de l’enfant en difficulté par un meilleur équilibre entre :
    — l’accumulation des connaissances disciplinaires
    — les situations favorisant la créativité (utilisation de ses connaissances, son savoir-faire, son savoir-être)

Dans ce travail de sensibilisation et de pistes possibles, rien ne peut se faire sans repartir et revenir à ce que vivent, constatent, expriment les familles auprès de leurs enfants dans le quotidien de leur scolarité.

Mise à jour du guide à l’intention des enseignants

NOUVELLE ÉDITION 2014, MISE À JOUR !

Ce guide est le premier d’une nouvelle collection éditée par Enfance & Familles d’Adoption : Les guides pratiques d’EFA. D’autres ont suivi sur d’autres thématiques (les deux guides de la Santé, et le guide “ton histoire, tes origines et les réseaux sociaux), abordant les différentes préoccupations, les questions qui traversent la vie des enfants
adoptés et de leur famille, et de ceux qui, de près ou de loin, vont les côtoyer (enseignants, médecins, travailleurs sociaux, etc.).

Si cette première publication porte sur l’école, c’est tout simplement parce que c’est l’un des sujets qui revient le plus souvent dans les rencontres avec les parents : la question de la scolarité des enfants est, avec celles liées à leur santé, au centre des préoccupations familiales, et peut se voir exacerbée dans le contexte de l’adoption. Ce guide n’a pas la prétention d’aborder toutes les questions liées aux relations entre la famille et l’école, mais souhaite apporter un éclairage sur quelques difficultés d’ordre scolaire rencontrées par des enfants adoptés.

Chaque enfant est unique et le fait qu’il soit adopté ne saurait être la seule explication de ses éventuelles difficultés scolaires. Il a une histoire personnelle dont il faut pouvoir tenir compte. A-t-il connu des problèmes de santé? A-t-il déjà été scolarisé?
Après des généralités sur l’adoption, suivent quelques suggestions d’adaptation à certaines activités de classe, et un inventaire des maladresses qui pourraient facilement être évitées.

A qui s’adresse ce guide ?

Tout d’abord, comme son nom l’indique, aux enseignants. Quand le guide leur a été présenté, il a tout de suite été l’occasion d’échanges fructueux. On n’imaginait pas l’adoption comme ça, nous ont dit les enseignants. En quelques pages, il donne une autre image des enfants et de leurs parents. Leur histoire singulière donne un autre éclairage sur leurs réactions, leurs difficultés éventuelles, mais ouvre aussi à toute la richesse d’un vécu différent auquel il convient d’être attentif.

Au-delà de l’adoption, ce guide contribue à éveiller à toutes les autres formes de singularités, première étape d’une éducation à l’acceptation des différences.
Ce livret s’adresse aussi aux parents. En leur permettant de présenter aux enseignants, avec des mots simples, la complexité de ce qu’ils vivent et ressentent, ce guide constitue un nouvel instrument de dialogue. Dialogue avec les enseignants, les professionnels avec lesquels il devient dès lors possible de mettre des mots sur des réalités vécues, des difficultés exprimées par les enfants, un ressenti envers une école qui ne les «comprend pas» ou «ne veut pas comprendre».

Et les enfants

Ils sont les premiers concernés. En parcourant le guide avec eux, les parents en apprendront peut-être un peu plus sur ce qu’ils vivent en classe, leur maîtresse ou leur maître, leurs amis ou relations de classe, leurs joies, leurs difficultés. Les enfants s’arrêteront peut-être sur un dessin qu’ils aimeront ou n’aimeront pas, mais dont ils auront envie de parler, qu’ils voudront commenter, avec leurs mots, leurs anecdotes, avec leur propre histoire !

Accessible, illustré, ce guide est le contraire d’un manuel, d’un traité. Il exige beaucoup plus qu’une lecture attentive. Il faut savoir prendre du temps pour «s’apprivoiser».

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Une enquête sur la scolarité des enfants adoptés (2004)

EFA a réalisé en 2004 une vaste étude sur la scolarité des enfants adoptés.

Pour étudier la scolarité des enfants adoptés, 595 familles adoptives ont répondu à une enquête de l’association Enfance & Familles d’Adoption concernant 1070 enfants de plus de 6 ans. Un échantillon de comparaison a été obtenu en demandant aux familles adoptives de répondre au questionnaire pour leurs 170 enfants biologiques.

Quelles tendances se dégagent de cette enquête, à laquelle des familles ayant adopté par Médecins du Monde ont participé aux côtés de familles adhérentes d’EFA ?

  • A l’issue du collège, les résultats de l’ensemble des adoptés sont proches de ceux de la moyenne de la population française.
  • L’adoption n’est pas synonyme d’échec scolaire… même si ce risque augmente avec l’âge de l’adoption.
  • Pourtant les enfants adoptés tout petits peuvent aussi avoir des parcours difficiles.
  • Il ne faut pas sous-estimer les difficultés liées à leur histoire sociale, physique affective antérieure.

Une conclusion erronée serait de penser que l’adoption est défavorable aux enfants. Des enfants adoptés entre 4 et 6 ans après avoir été victimes de maltraitance et de lourdes carences ont gagné 13,9 points de QI, ce qui est considérable (de 77,6 avant l’adoption à 91,4 en moyenne, 5 à 10 ans après l’adoption). Parmi les difficultés, les faiblesses d’acquisitions spatio-temporelles (pensée logique, vitesse de repérage dans l’espace avec, par exemple, un puzzle…) sont celles qui sont le mieux résorbées. Celles du langage le sont également, mais dans une moindre mesure.

Pour aller plus loin :

Accueil 136 (août 2005), le dossier “Savoir(s) : nos enfants et la scolarité” (2ème partie), publie les résultats de l’enquête, qui ont été présentés lors du congrès national d’EFA de 2005 sur le thème “Scolarité et adoption”.

Denise Fichcott et Jacques Vaugelade, « La scolarité des enfants adoptés », Empan 3, 2006, p. 57-59.

http://www.cairn.info/revue-empan-2006-3-page-57.htm