Aliementation à l‘arrivée de l’enfant

Conjuguer équilibre nutritionnel et équilibre émotionnel, d’adapter nos critères alimentaires aux habitudes de l’enfant peut relever d’un certain art… À table, ni stress ni conflit, priorité au plaisir, facteur d’une relation parent-enfant de qualité !

  • Des carences affectives
  • Des carences nutritionnelles
  • Manque de stimulation et de limites
  • Des ajustements nécessaires à l’arrivée de l’enfant
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Pas de précipitation, sauf urgence caractérisée

Sauf urgence caractérisée, il n’est pas nécessaire de se précipiter chez le médecin à la descente d’avion ; mais alors, quand faut-il prendre rendez-vous ? La rythmicité des examens de prévention prévus par la loi pour l’enfant de 0 à 6 ans peut donner une bonne indication du délai optimal : un mois pour le nourrisson de moins de 9 mois, trois mois entre 9 et 24 mois, six mois après 2 ans. Le plus souvent, c’est l’observation (et parfois l’inquiétude des parents) qui déterminera l’heure de cette première consultation. Quant au bilan d’arrivée, il est probable qu’il se fera petit à petit, et peut-être par des médecins différents : médecin ou pédiatre traitant, médecin de consultation adoption, spécialiste en cas de pathologie particulière. Chacun à son niveau viendra compléter ce bilan, à la lumière de son examen clinique, des résultats déjà obtenus et en tenant compte de ce qui a déjà été fait et de ce qui est prévu ultérieurement.

Quoi qu’il en soit, cette check-list n’a pour ambition que de guider la réflexion du médecin moins habitué à ce type de consultation, et d’aider les parents à réunir et transmettre toutes les informations utiles.

Évaluer le niveau de l’état de santé et du développement

L’examen clinique minutieux et complet, comme il se pratique à chaque consultation de prévention, permet d’abord de repérer les infections habituelles et banales, communes à tous les enfants du monde (otites, bronchites, éruptions infantiles, etc.), mais aussi d’identifier des signes évocateurs d’une pathologie dont il faudra faire le diagnostic. Il permet également de faire le point sur le niveau de développement de départ de l’enfant, indispensable pour la surveillance ultérieure :

  • la croissance staturo-pondérale, ainsi que la maturation osseuse et dentaire qui permettent d’affiner l’âge civil le cas échéant ;
  • le développement psychomoteur, souvent discordant dans les différents domaines (motricité globale et fine, sensoriel, langage, relationnel, affectif).

Bilan des pathologies connues et dépistage des infections éventuelles

De plus en plus d’enfants arrivent avec des pathologies annoncées et documentées par un dossier médical plus ou moins complet. Le bilan de cette pathologie, des prises en charge déjà réalisées, tant sur le plan médicamenteux que chirurgical, des étapes ultérieures prévisibles, relève souvent d’une consultation spécialisée qui devra être préparée, en concertation avec les parents.

Certaines pathologies infectieuses, devenues plus rares en France, restent endémiques dans la plupart des pays d’origine des enfants adoptés, leur dépistage mérite d’être effectué systématiquement.

  • Tuberculose, à dépister le plus tôt possible avant la mise en collectivité.
  • Hépatites, sachant qu’il n’est pas rare de voir des sérologies d’hépatite B positiver après quelques mois.
  • VIH, en l’absence de test fiable antérieur.
  • Parasitoses digestives, dont la recherche peut s’avérer délicate et nécessiter un laboratoire bien rodé à ces examens. Certains parasites intestinaux sont communs à tous les pays, d’autres sont plus spécifiques au pays de naissance de l’enfant et peuvent exiger des techniques affinées. Savoir ce que l’on cherche est alors le premier pas vers le diagnostic et l’on tirera profit des sites d’informations aux médecins et aux voyageurs.
  • Parasitoses et autres infections cutanées telles que les gales, teignes, impétigos qui ne sont pas spécifiques aux enfants adoptés mais méritent une prise en charge rapide pour ne pas compliquer la relation de proximité.
  • Paludisme, difficile à identifier en dehors des épisodes aigus, il doit donc rester présent à l’esprit de tout médecin qui aura à prendre en charge l’enfant en période fébrile.

Identifier les carences pour pouvoir les combler

Les conditions de vie des enfants ne sont pas les plus propices à combler leurs besoins fondamentaux. L’allongement des délais entraîne une prolongation de l’attente des enfants en situation précaire et majore le risque de carences et de séquelles plus lourdes. À côté des carences affectives et éducatives lien avec la page Carences affectives quand elle sera mise en ligne qui ne sont pas l’apanage des enfants adoptés à l’international, les carences nutritionnelles sont fréquentes et passent parfois inaperçues alors qu’elles sont facilement accessibles à un diagnostic clinique et biologique ; elles peuvent être compensées dans les premiers mois et surveillées dans leurs effets à plus long terme.

– Dénutrition ou plus souvent malnutrition en lien avec une carence protidique (manque de viande, lait coupé), responsable en partie du retard psychomoteur. Facilement identifiable à l’examen clinique, pour peu qu’on songe à des prises de mensurations qui ne sont plus monnaie courante dans notre médecine quotidienne, la malnutrition est rapidement compensée par le goût prononcé dans la petite enfance pour les laitages et autres desserts lactés. Une vigilance est cependant nécessaire en cas de rattrapage trop rapide risquant d’entraîner d’autres déséquilibres ou dysfonctionnements (puberté précoce, par exemple).

– Anémie ferriprive, non réservée à l’enfant adopté, mais qui vient accentuer chez lui le retard psychomoteur et la sensibilité aux infections. À cette occasion, on peut être amené à découvrir une anomalie génétique de l’hémoglobine.

– Rachitisme lien avec la page Carences affectives quand elle sera mise en ligne par défaut de supplémentation en vitamine D et absence d’exposition au soleil. La poussée de croissance habituelle chez ces enfants va, de plus, augmenter leurs besoins et nécessiter une compensation tenant compte de leur pigmentation cutanée.

Compléter les dépistages systématiques

Les enfants nés en France bénéficient de dépistages systématiques nombreux pendant la grossesse ou à la naissance, ce qui n’est pas le cas dans les pays de naissance des enfants adoptés.

Si certaines pathologies peuvent être éliminées d’emblée à un certain âge devant l’absence de signe, d’autres méritent un dépistage systématique :

  • Infections pendant la grossesse telles que : rubéole, cytomégalovirus, toxoplasmose, syphilis, ce qui permet d’orienter les recherches de malformations associées, voire d’envisager un traitement.
  • Anomalies génétiques à début tardif comme la mucoviscidose ou l’hypothyroïdie chez les plus petits.
  • Hémoglobinopathies en fonction de l’origine ethnique : drépanocytose (Afrique subsaharienne, Haïti), thalassémie (bassin méditerranéen, Inde, Chine), déficit en G6PD (Asie du Sud-Est, bassin méditerranéen).

Mettre à jour les vaccinations

Comme le recommande le calendrier vaccinal, il suffit de compléter les vaccinations à hauteur de ce que l’enfant aurait dû recevoir en fonction de son âge. Il est donc inutile de tout recommencer et, en cas de doute sur la validité des vaccins reçus, un dosage d’anticorps antitétanique après un premier rappel suffit à faire la part des choses. De plus, certains vaccins spécifiques à une tranche d’âge donnée s’avéreront inutiles pour les plus grands (haemophilus ou pneumocoque par exemple).

Définir une stratégie de prise en charge avec les parents

À l’issue de ce bilan, l’orientation vers les consultations spécialisées, vers une prise en charge multidisciplinaire adaptée s’impose, comme pour tout bilan médical chez tout enfant. Il convient cependant de tenir compte du besoin spécifique pour l’enfant qui vient d’arriver, de créer une relation intime avec ses nouveaux parents et sa fratrie le cas échéant. C’est une priorité, même en cas d’urgence vitale. Des solutions d’aménagement sont toujours possibles pour éviter les dégâts d’une séparation précoce, il suffit d’un peu d’imagination et de souplesse.

Accompagner les parents dans leur nouvelle parentalité

L’adaptation de l’enfant, même lorsqu’elle est spectaculairement rapide, nécessite qu’on lui accorde le temps indispensable pour construire ses nouveaux repères. Les parents, bien que souvent avertis de l’importance de cette pause, parfois accompagnée d’une phase de régression, peuvent se trouver démunis face à la pression normative des institutions, et notamment de l’école. Ils ont besoin d’être confortés dans leur évaluation des besoins de leur enfant et d’être soutenus par des professionnels à l’écoute, en capacité de s’appuyer sur leurs compétences reconnues pour prendre position face à ces injonctions.

Quels que soient les professionnels qui seront intervenus dans la réalisation de ce bilan d’arrivée, une synthèse réalisée par l’un d’eux est indispensable et permettra au médecin traitant de l’enfant de suivre son évolution, d’accompagner son adaptation et de réagir à temps et à bon escient en cas de difficulté. La relation de confiance qui s’établira tout au long de ce bilan entre la famille et les médecins est précieuse pour une prise en charge harmonieuse de l’enfant.

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