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RDC : des enfants et des parents qui attendent (5 octobre 2015)

En République démocratique du Congo, des enfants attendent des parents résidant en France, en Italie, aux États-Unis… Dans ces pays, des parents attendent l’enfant qui leur a été proposé.

Ces familles (plus de 300 pour la France) ont été sélectionnées par des agences d’adoption et des organismes autorisés pour l’adoption (OAA) agréés et habilités dans leur propre pays et dans le pays de naissance.

En septembre 2013, la RDC décidait de suspendre la délivrance des autorisations de sortie du territoire, y compris pour des enfants dont les jugements d’adoption étaient déjà prononcés. Depuis, cette mesure est régulièrement reconduite. Dans le même temps de nouveaux jugements ont été prononcés, les agences ayant continué avec les responsables des structures d’accueil sur place à apparenter de nouvelles familles.

Malgré des démarches officielles de haut niveau de tous les pays d’accueil, la situation reste bloquée.

Aujourd’hui, ce sont avant tout les enfants qui sont victimes de cette situation mais aussi leurs parents :

  • les enfants attendent dans des conditions préoccupantes, malgré l’argent versé mensuellement par les familles à la demande des agences et des OAA. Des questions se posent sur leur prise en charge matérielle et psychologique, leur santé, leur scolarisation pour les plus grands.

Ces enfants se trouvent dans un entre-deux : certains, bien qu’un jugement d’adoption ait été prononcé, ont été repris par leur famille de naissance ; quelques-uns sont décédés faute de soins ; d’autres sont en contact avec leurs parents adoptifs par téléphone ou Skype, créent des liens immatériels, voire irréels avec eux, attendent qu’ils viennent les chercher, perdent peu à peu confiance dans la parole de l’adulte.

  • les parents adoptifs sont investis affectivement, psychologiquement, depuis qu’ils ont accepté l’apparentement proposé par leur OAA. Ils se préparent depuis des années à l’accueil de leur enfant, et ne se voient aujourd’hui offrir aucune perspective d’être réunis en famille ;
  • les familles de naissance, dont certaines s’étaient vu convaincre de confier leurs enfants en adoption afin de leur permettre un avenir meilleur à l’étranger, les voient attendre de manière incompréhensible et quelques-unes choisissent de les reprendre ;


La responsabilité de l’accompagnement des familles relève en premier lieu des OAA. Enfance & Familles d’Adoption se tient également à la disposition de toutes les familles pour les accompagner dans cette période si douloureuse et la situation humainement difficile qu’elles vivent – soit directement par le biais de la ligne d’écoute nationale, soit auprès de leurs associations départementales.

Depuis 2009, Enfance & Familles d’Adoption (EFA), tout comme le Service social international (SSI), basé à Genève, a émis des réserves sur les conditions d’adoption d’enfants en République démocratique du Congo, et déplore que la France et d’autres pays d’accueil, Italie, Belgique, États-Unis, aient continué de permettre les démarches d’adoption.

Enfance & Familles d’Adoption demande donc de nouveau avec insistance :

  • Que des ONG indépendantes puissent être alertées et missionnées pour se rendre sur les lieux où se trouvent les enfants et faire un bilan de leur situation sanitaire et psychologique; et que si nécessaire des soins appropriés puissent leur être apportés.
  • Qu’une enquête soit diligentée sur la destination de fonds – importants au vu du niveau de vie local – que les familles sont invitées à verser mensuellement pour la prise en charge des enfants.
  • Que la Mission de l’adoption internationale (MAI) soit en mesure de délivrer une information régulière et fiable aux familles,
  • Qu’une décision officielle d’interdiction de tout nouvel apparentement soit prise jusqu’à ce que les autorités congolaises aient décidé des conditions dans lesquelles l’adoption internationale pourrait perdurer.

Enfance & Familles d’Adoption, 5 octobre 2015