Lettre ouverte au Président de la République : les familles témoignent (1er octobre 2016)

Enfance & Familles d’Adoption (EFA) a ouvert son site aux familles inquiètes des perspectives de réorganisation de l’Agence française de l’adoption (AFA). Les témoignages présentés sont représentatifs des ressentis et inquiétudes des candidats à l’adoption, mais aussi de l’aide que leur a apportée l’AFA dans la réalisation de leur projet familial.

  • Après 20 ans de vie commune et 10 ans de mariage, nous avons enfin trouvé le chemin de nos enfants. Nous nous sommes perdu en premier lieu sur un très long et douloureux chemin nommé PMA, seuls ceux qui l’empruntent savent ce que nous avons traversé.

En novembre 2012, nous avons choisi de nous tourner vers l’adoption pour « faire famille », nous envoyons notre lettre d’intention au conseil général de notre département en janvier 2013 et obtenons notre agrément en décembre 2013. Durant l’année 2014 nous avons cherché notre route et un organisme qui voudrait bien nous accompagner vers nos enfants.

En janvier 2015, nous répondons à un appel à dossier de l’AFA pour HAITI, nous apprenons que nous sommes retenus par l’Agence en mars 2015, nous souhaitons adopter une fratrie et  sommes retenus parmi les 6 dossiers appelés, le projet correspond en tout point , nous avons enfin trouvé notre chemin, nous savourons la chance que nous avons. En parallèle, nous étions en contact avec une OAA désireuse de nous accompagner vers Haïti, ne pouvant mener deux procédures dans le même pays avec deux organismes différents nous décidons de continuer avec l’AFA car étant un organisme d’Etat cela nous paraît plus sûr. Notre dossier est enregistré en septembre 2015 comme les dix sept autres dossiers déposés pour le quotas 2015, nous venons de fêter les un an d’enregistrement à l’IBESR.

Nous nous rapprochons de nos enfants, nous pourrions espérer un apparentement pour 2017, après l’apparentement et la rencontre avec nos enfants dans leur pays d’origine nous devrons rentrés sans eux et attendre encore au moins une année pour qu’ils puissent nous rejoindre, nous savons que les procédures sont susceptibles de s’arrêter du fait d’un problème dans le pays des enfants, Haïti traverse une crise politique depuis un an, cela ralenti probablement l’avancée de nos dossiers, nous le savons et l’acceptons mais je vous avoue que voir notre projet remis en question à cause d’une décision gouvernementale interne à notre pays me paraît inconcevable …

Cela fait trois ans que nous nous formons à la parentalité adoptive, nous participons à des rencontres avec des parents, des conférences et des ateliers avec des professionnels de façon à accueillir nos enfants au mieux,  nous nous sommes projetés vers nos enfants, nous les avons « investi », nous les attendons, notre famille les attend, leurs cousins nous demandent sans cesse quand est ce qu’ils vont arrivés, nous ne les avons pas encore rencontrés mais ils font déjà partis de notre famille… Depuis le début de nos démarches d’adoption nous avons rencontrés de bien belles personnes toujours bienveillantes à chaque étape, ce chemin est long et sinueux, s’il vous plaît ne le rallongez pas !!!! Nous sommes 5300 familles en attente, ils sont plus de 5300 à attendre. Pourriez vous,  vous aussi être  bienveillants dans l’intérêt supérieur de nos enfants. Un papa et une maman en attente de deux timouns d’Haiti…

 

  • Nous avons obtenu notre agrément en avril 2011. Assez rapidement, nous avons contacté différents organismes autorisés pour l’adoption (OAA) et l’Agence française de l’adoption (AFA).

Après plusieurs échanges de mail et de courriers, nous avons été conviés en janvier 2012 à une réunion de préparation à Paris dans les locaux de l’AFA. En février 2012, notre dossier s’envolait pour la Chine. Après quelques faux espoirs, nous avons reçu l’appel qui a changé notre vie le mardi 29 juillet 2014. Depuis nous sommes des parents comblés !

Sans l’AFA, serions-nous parents aujourd’hui ?

 

  • Âgés de 42 ans et ensemble depuis huit ans, nous avons rapidement souhaité avoir des enfants mais avons été confrontés à des problèmes d’infertilité. Après un parcours médical de procréation éprouvant, qui a duré cinq ans, notre dernier espoir de devenir parent est aujourd’hui l’adoption.

Ce projet nous tient vraiment à cœur et l’attente devient de plus en plus difficile à gérer. Cela fait trois ans que nous avons commencé ce parcours entre agrément, liste d’attente AFA pour le pays choisi puis, une fois sorti de la liste d’attente, dépôt de notre dossier dans la région de Saint-Pétersbourg.

Nous sommes maintenant en attente d’une proposition d’enfant. Nous avons profité de ce temps pour suivre des formations avec l’AFA, pour participer aux groupes de parole d’EFA de notre département, pour rencontrer des médecins spécialistes de l’adoption, pour rencontrer des parents adoptants et leurs enfants pour nous préparer au mieux à accueillir notre futur enfant. Normalement, si tout se passe bien, nous devrions avoir une proposition d’ici 6 à 12 mois. Vous imaginez ce sentiment de toucher du bout des doigts ce rêve de devenir enfin parents, même si nous sommes conscients que ce ne sera pas de tout repos !

La fusion de l’AFA avec le GIPED et le risque de voir les accréditations suspendues, voire annulées, seraient catastrophiques pour nous. Catastrophique au niveau émotionnel, psychologique mais aussi au niveau financier. Notre projet risquerait de ne jamais aboutir vu l’augmentation de notre âge (qui diminue nos chances de nous voir attribuer un enfant de moins de 5 ans) mais aussi pour des raisons financières. L’adoption en Russie engendre des frais très importants (28000 euros : frais de traduction, de légalisation, frais pour notre correspondant russe, frais pour les administrations, pour l’orphelinat, le jugement, les déplacements, etc.). Nous avons déjà commencé à débloquer une partie de cette somme avec l’envoi de notre dossier. Nous avons donc dû faire un crédit pour financer en partie ce projet (en plus des aides de la famille et d’économies depuis deux ans).

La fusion pourrait ainsi nous obliger à repartir de zéro. Tous les fonds que nous avons déjà versés seraient perdus et nous n’aurons plus les moyens de recommencer une nouvelle procédure. C’est notre projet de vie et de couple qui risque de s’effondrer et nous ne savons pas comment nous pourrions nous relever d’une telle épreuve.

Une adoption nationale est quasi impossible : dans notre département, en 2016, il y a eu quatre enfants proposés à l’adoption pour près de 400 familles en attente. Ainsi, pour un grand nombre de parents, le seul espoir reste l’adoption internationale.

Depuis que nous avons appris le projet de fusion, nous sommes très mal, nous avons peur de ne jamais pouvoir devenir parents. D’autant plus inquiétant qu’il n’y a aucune communication de la part du gouvernement. On a le sentiment que les conséquences ne sont pas du tout prises en compte comme si la vie de futurs parents qui se battent pour un jour pouvoir adopter un enfant ne les intéresse pas ! Sans parler du sort des enfants qui attendent qu’un jour leurs parents viennent les chercher. Il faut savoir qu’en Russie, on rencontre l’enfant plusieurs fois avant d’accepter l’adoption et de passer en jugement. Quelles seraient les conséquences pour ces enfants qui auraient rencontré leurs parents sans que la procédure n’aboutisse ?

Voilà notre témoignage en espérant qu’il aidera à une prise de conscience des politiques : derrière les décisions administratives, il y a des vies humaines !

 

  • Nous avons entamé les démarches d’agrément en vue d’une adoption en mai 2014. En février 2016, l’AFA acceptait notre dossier de candidature à l’adoption d’un ou plusieurs enfants en provenance des Philippines.

À ce jour, nous sommes dans l’attente d’une réponse de l’ICAB, autorité philippine en charge de l’adoption internationale. Voilà plus de deux ans que nous avons commencé les démarches et nous savons que nous ne sommes pas au bout de l’attente…

Si l’Agence française de l’adoption (AFA) et le Groupement d’intérêt public Enfance en danger (GIPED) fusionnaient, et qu’il y avait rupture d’accréditation, cela signifierait très probablement une attente encore plus longue… Il semblerait que l’ICAB soit disposée à signer une nouvelle accréditation avec la nouvelle entité, et que les dossiers en cours ne seront pas bloqués. Mais dans quels délais ? Quelle prolongation d’une attente déjà longue ?

 

  • Nous sommes une famille par adoption : Papa, Maman, et fiston, né loin d’ici et arrivé chez nous en 2011. En 2013, après avoir bien établi notre famille, nous avons demandé un deuxième agrément pour adoption, que nous avons obtenu auprès du Conseil départemental.

Par la suite, nous avons multiplié les courriers de candidatures, mais la situation de l’adoption internationale étant difficile, ce n’est pas avant 2016 que nous avons eu la chance d’être tirés au sort par l’AFA pour déposer un dossier d’adoption via ses services ; dossier que nous sommes en train de constituer.

Notre agrément est valable encore deux ans et demi. Il est peu probable que nous ayons une autre chance pour agrandir notre famille. Alors nous rendrons le dossier, mais avec la peur au ventre. La procédure qui nous attend est relativement longue. L’attente est toujours difficile, mais nous savons après notre première adoption que l’attente dans l’incertitude, une fois qu’on nous a attribué un enfant, que nous avons sa photo, son nom, est une torture psychologique de chaque jour. Cette attente sera d’un an au moins, période pendant laquelle nous pourrons entrer en contact avec l’orphelinat.

Pendant un an ou plus, nous établirons un contact avec celui qui sera déjà notre enfant dans notre cœur. Nous lui parlerons au téléphone s’il est assez grand. Nous essaierons de tisser un lien avec lui pour que le saut dans l’inconnu soit moins difficile lorsque nous irons le chercher. Pendant un an ou plus, nous ne pourrons ni le serrer dans nos bras, ni le protéger contre les maladies ou le manque de soins (quelle que soit la qualité des structures qui accueillent les enfants, elles ne remplacent pas l’attention d’une famille). Pendant un an ou plus, nous frémirons à chaque grève, à chaque remous politique sur place. Pendant un an ou plus, nous donnerons aussi à ce petit un espoir, quelqu’un à attendre. Nos parents, nos frères et sœurs, neveux et nièces, et nos amis, attendront aussi avec nous.

Si le rapprochement de l’Agence française de l’adoption (AFA) et du Groupement d’intérêt public Enfance en danger (GIPED) mettait en pause notre procédure à ce moment-là, cela anéantirait très probablement nos chances de former une famille à quatre, et surtout cela pourrait empêcher ce petit de trouver une famille, ou du moins le retarder. Au mieux, cela anéantirait sa confiance dans les adultes. Cela nous paraîtrait particulièrement injuste et absurde de lui faire vivre cela, ainsi qu’à notre famille, pour une raison administrative qu’il était possible d’anticiper.

Et au-delà de notre seule histoire, nous craignons que ce rapprochement gèle toutes les adoptions en cours voire les annule et décrédibilise la France auprès de ses pays partenaires, mettant à mal les procédures pour longtemps. Nous voulons préciser que nous avons toute confiance dans le personnel de l’AFA pour gérer au mieux cette situation, cependant il nous semble que les enjeux politiques de l’adoption internationale vont au-delà de leur seule bonne volonté.

C’est pourquoi nous vous supplions de considérer la problématique avec grand soin et de prendre en compte les difficultés qu’un tel rapprochement pourrait engendrer. Nous sommes entièrement favorables aux économies en matière de dépenses publiques, mais pas au détriment d’enfants et de familles en devenir.

 

  • En août 2004, un drame terrible s’abat sur la famille. Nous venons de perdre brutalement notre premier enfant, notre petite puce de 4 mois et demi des suites de la mort subite du nourrisson. Après un processus de deuil, un parcours PMA difficile, nous décidons de nous tourner vers l’adoption via l’AFA.

Nous serons parents de façon différente mais avec une motivation très forte de fonder notre famille.

En février 2007, nous rencontrons pour la première fois les travailleurs sociaux de l’Aide sociale à l’enfance. En octobre 2007, nous obtenons notre agrément. Nous sommes inscrits sur la liste d’adoption des pupilles de l’État de notre département.

Compte tenu des délais, nous savions qu’à 38 et 33 ans, il était préférable d’opter pour une adoption internationale. Nous sommes devenus membres d’EFA. L’association nous a aidés dans les démarches et nous a permis de rencontrer des parents adoptifs et des postulants. Notre choix s’est porté sur la Colombie qui a accepté notre dossier en septembre 2008 après un complément d’enquête éprouvant.

Quelle joie ! Nous sommes inscrits sur la liste d’attente d’une fratrie de deux enfants.

Nous adhérons à l’APAEC (association des parents adoptifs d’enfants colombiens), participons à des conférences, à des journées d’informations « pour apprendre à devenir de bons parents » suite aux problématiques de l’adoption (spécificités culturelles, attachement). Nous respectons toutes les procédures administratives françaises et colombiennes, prenons des cours d’espagnol…

En 2012, nous renouvelons notre agrément. Malheureusement, les délais s’allongent, de moins en moins d’enfants sont confiés à l’adoption internationale, les critères sont de plus en plus stricts. Toute la famille (papys, mamies, tontons, tatas, petits cousins…) suit notre parcours, tente de nous remonter le moral dans la gestion de l’attente.

En septembre 2016, notre dossier est en tête de liste. L’espoir renaît. Or la fusion de l’AFA pourrait compromettre notre projet de vie pour lequel nous nous battons depuis dix ans. Notre propre pays nous laisserait tomber ?

Notre douleur est incommensurable.

SOS ! Aidez-nous dans ce projet de vie. Aidez-nous à rencontrer nos deux grains de café, qui n’attendent qu’un papa, une maman et une famille aimante.

 

  • Nous avons fêté l’obtention de notre agrément : un petit pas vers notre enfant. Puis, inscrits sur la liste d’attente AFA Russie, nous avons attendu, attendu… et avons fêté notre sortie de la liste : un nouveau petit pas vers notre enfant.

Puis est venu le temps du dossier, le choix des photos, les mails échangés avec la traductrice russe, les films sur la Russie, les documentaires et les cours de russe… Autant de petits pas nous rapprochant de notre enfant. Et notre dossier est enfin officiellement déposé auprès des autorités russes : notre enfant est né, il nous attend et nous l’espérons tant. Puis, vient ce fameux jour de juillet où nous apprenons la fusion AFA-GIPED. Nous sommes abasourdis. Si l’AFA disparaît en tant qu’entité juridique, c’est la suspension des adoptions ? Quid des accréditations dans tous les pays partenaires ? Inconcevable ! Mais a-t-on pensé aux enfants ? À toutes ces familles qui sont dans l’attente ? A-t-on pensé à nous ? Inconcevable…

 

  • Nous nous sommes mariés à 40 ans en 2012. En 2013, nous avons décidé de nous tourner vers l’adoption. Nous n’envisageons pas de rester à deux. Fonder une famille, c’est la suite et l’aboutissement de notre histoire. Une famille, c’est pour nous un socle pour toute personne, mais aussi la cellule de base de la société !

Nous avons obtenu à l’été 2014, un agrément pour une fratrie de deux enfants grands. Ce projet correspond à la fois à notre âge et à la réalité de l’adoption. Nous avons constitué un dossier pour un pays d’Amérique du Sud en faisant appel aux services de l’Agence française pour l’adoption (AFA). N’habitant pas à Paris, il était important pour nous de trouver des interlocuteurs disponibles, capables de répondre à nos nombreuses interrogations. C’est ce que nous avons trouvé.

Nous avons également pu bénéficier de conseils, de formations et d’un accompagnement sur notre projet. L’adoption d’enfants grands en fratrie comporte en effet des défis aussi cruciaux que variés :

  • entrer dans la scolarité française en milieu ou fin d’école primaire pour des enfants primo-arrivants;
  • faire fratrie, faire famille, obéir et s’attacher à des parents, pour des enfants qui ont connu très peu ou n’ont pas connu du tout leurs frères et sœurs et/ou leurs parents biologiques ;
  • s’investir dans de nouvelles relations d’amitié…

Mûrir notre projet et constituer notre dossier nous a demandé un an de travail, de réflexion et d’ajustements, jusqu’à l’été 2015. Il nous a fallu rassembler une énergie énorme, un nombre de documents et de coups de tampon tout aussi important, avec des moments éprouvants lors d’analyses sociales et psychologiques exigeantes. Nous avons envoyé notre dossier dans le pays en juillet 2015. Celui-ci a été accepté fin septembre 2015, soit il y a un an. Nous sommes actuellement en période d’attente, comme de nombreux postulants. Nous savons que les moyens de l’administration dans certains pays sont modestes, que les protocoles qui aboutissent à l’adoptabilité des enfants sont longs, et que la préparation des enfants à l’adoption est un gage de réussite pour notre projet. Nous devons être patients, pour leur bien et pour le nôtre !

Ainsi, la réforme de l’AFA visant à sa fusion avec un autre organisme public est pour nous, qui nous préparons depuis de nombreuses années avec l’aide et le soutien aussi d’Enfance & Familles d’Adoption, un coup vraiment rude. Cette nouvelle pèse fortement sur notre moral d’autant plus que les informations obtenues du pays préalablement à cette annonce étaient plutôt positives et encourageantes.

Cette réforme aurait des conséquences graves :

  • pour les enfants qui se sont préparés à l’adoption et qui attendent une famille ;
  • pour les couples qui, au bout de démarches longues et difficiles, se retrouvent avec un dossier suspendu, voire stoppé.

Nous souhaitons interpeller fortement toutes les personnes en charge de ce dossier.

Nous ne comprenons pas pourquoi les enfants qui attendent et les couples qui espèrent sont purement et simplement oubliés. L’État ne doit-il pas assurer la continuité du service public de l’adoption comme il le fait pour les soins ou les transports ? L’État ne doit-il pas soutenir les familles en difficulté, c’est-à-dire en particulier celles qui attendent d’être créées ?

Nous demandons expressément au gouvernement qu’une solution soit trouvée pour assurer la continuité des dossiers suivis par l’AFA. Au travers d’une décision purement administrative et politique, des réalités humaines et de société sont en jeu. Nous avons confiance dans nos hommes politiques, qui travaillent au bien commun, pour qu’ils prennent le temps de la réflexion, de la concertation et s’orientent vers une décision adaptée.