Nous sommes une famille par adoption

Nous sommes une famille par adoption : Papa, Maman, et fiston, né loin d’ici et arrivé chez nous en 2011. En 2013, après avoir bien établi notre famille, nous avons demandé un deuxième agrément pour adoption, que nous avons obtenu auprès du Conseil départemental.

Enfance & Familles d’Adoption (EFA) ouvre son site aux familles inquiètes des perspectives de réorganisation de l’Agence française de l’adoption (AFA). Les témoignages présentés sont représentatifs des ressentis et inquiétudes des candidats à l’adoption, mais aussi de l’aide que leur a apportée l’AFA dans la réalisation de leur projet familial.

Par la suite, nous avons multiplié les courriers de candidatures, mais la situation de l’adoption internationale étant difficile, ce n’est pas avant 2016 que nous avons eu la chance d’être tirés au sort par l’AFA pour déposer un dossier d’adoption via ses services ; dossier que nous sommes en train de constituer.

Notre agrément est valable encore deux ans et demi. Il est peu probable que nous ayons une autre chance pour agrandir notre famille. Alors nous rendrons le dossier, mais avec la peur au ventre. La procédure qui nous attend est relativement longue. L’attente est toujours difficile, mais nous savons après notre première adoption que l’attente dans l’incertitude, une fois qu’on nous a attribué un enfant, que nous avons sa photo, son nom, est une torture psychologique de chaque jour. Cette attente sera d’un an au moins, période pendant laquelle nous pourrons entrer en contact avec l’orphelinat.

Pendant un an ou plus, nous établirons un contact avec celui qui sera déjà notre enfant dans notre cœur. Nous lui parlerons au téléphone s’il est assez grand. Nous essaierons de tisser un lien avec lui pour que le saut dans l’inconnu soit moins difficile lorsque nous irons le chercher. Pendant un an ou plus, nous ne pourrons ni le serrer dans nos bras, ni le protéger contre les maladies ou le manque de soins (quelle que soit la qualité des structures qui accueillent les enfants, elles ne remplacent pas l’attention d’une famille). Pendant un an ou plus, nous frémirons à chaque grève, à chaque remous politique sur place. Pendant un an ou plus, nous donnerons aussi à ce petit un espoir, quelqu’un à attendre. Nos parents, nos frères et sœurs, neveux et nièces, et nos amis, attendront aussi avec nous.

Si le rapprochement de l’Agence française de l’adoption (AFA) et du Groupement d’intérêt public Enfance en danger (GIPED) mettait en pause notre procédure à ce moment-là, cela anéantirait très probablement nos chances de former une famille à quatre, et surtout cela pourrait empêcher ce petit de trouver une famille, ou du moins le retarder. Au mieux, cela anéantirait sa confiance dans les adultes. Cela nous paraîtrait particulièrement injuste et absurde de lui faire vivre cela, ainsi qu’à notre famille, pour une raison administrative qu’il était possible d’anticiper.

Et au-delà de notre seule histoire, nous craignons que ce rapprochement gèle toutes les adoptions en cours voire les annule et décrédibilise la France auprès de ses pays partenaires, mettant à mal les procédures pour longtemps. Nous voulons préciser que nous avons toute confiance dans le personnel de l’AFA pour gérer au mieux cette situation, cependant il nous semble que les enjeux politiques de l’adoption internationale vont au-delà de leur seule bonne volonté.

C’est pourquoi nous vous supplions de considérer la problématique avec grand soin et de prendre en compte les difficultés qu’un tel rapprochement pourrait engendrer. Nous sommes entièrement favorables aux économies en matière de dépenses publiques, mais pas au détriment d’enfants et de familles en devenir.