Mudwoman, 2013

OATES Joyce Carol, Mudwoman, Philippe Rey, 2013

Abandonnée par sa mère démente au milieu du marais de la Black Snake River, miraculeusement sauvée, l’enfant a été adoptée par un couple de Quakers bienveillants. Ils lui ont transmis de solides valeurs, l’amour des livres et la mémoire pesante d’une sœur aînée, disparue prématurément, dont elle porte désormais le prénom. Elle est devenue M.R. Neukirchen, brillante universitaire, première présidente d’une université américaine de renom. Sauvée de l’ignominie, de la boue ? Dans son for intérieur, elle est restée Mudgirl, l’enfant de la boue. Que faire d’ailleurs de toutes ces identités superposées, de cette vie morcelée ? Il serait tellement précieux de n’être qu’une seule personne. Alors qu’elle peine aujourd’hui à habiter sa propre vie, fantasmé, envahissant, menaçant, son passé prend le dessus, elle s’effondre. Mudwoman, telle une statue d’argile, sent sa façade se craqueler, se fissurer, jusqu’à la folie. La grande romancière américaine nous livre, ici, le portrait complexe d’une femme marquée à jamais par l’abandon initial.

https://www.babelio.com/livres/Oates-Mudwoman/522283

Berceau, 2014

LAURRENT Éric, Berceau, Minuit, 2014

C’est à Rabat qu’Éric Laurrent nous emmène, pour nous faire découvrir l’orphelinat où le bébé qui lui a été confié en Kafala est retenu par le gouvernement marocain. Et tandis qu’avec sa femme, il attend – pas moins de dix-huit mois – le bon vouloir des autorités pour pouvoir rentrer en France, l’auteur, qui n’avait aucun penchant pour la paternité, ni pour les bébés, découvrira que l’on peut s’attacher à un enfant et se sentir père.

https://www.cultura.com/berceau-9782707328090.html

Shâb ou la nuit, 2013

LADJALI Cécile, Shâb ou la nuit, Actes Sud, 2013

Alors qu’elle méprisait l’autofiction la considérant comme des textes complaisants sans profondeur, Cécile Ladjali s’est laissé dicter l’écriture de Shâb comme un commandement et on l’en remercie. À travers des pages émouvantes, elle revient sur ses années d’enfance, petite fille puis jeune fille trop brune qui peine à trouver sa place, et rend hommage à ses parents adoptifs, trop tôt disparus : son père, déchiré par sa propre histoire, muré dans son silence et sa violence, sa mère, la belle Jeannine, discrète et adorée. Adoptée bébé, Cécile a été sevrée de mots pour comprendre son histoire, son abandon. Alors, très vite, elle découvre la lecture et l’écriture : « j’ai compris très tôt que pour ne pas me laisser envahir par le silence, il fallait aller à la recherche des mots. Parler le plus possible. Écrire aussi. » Elle deviendra donc enseignante en littérature et écrivain. Alors qu’elle est déjà mère d’un petit garçon, envahie par la souffrance, anorexique pour ne plus être « un sac à merde », elle finit par rencontrer sa mère biologique. Retrouvailles douloureuses où les mots se font durs, mais qui lui permettent d’aller de l’avant, de mettre au monde un nouvel enfant et de se mettre au monde par et avec les mots.

https://www.amazon.fr/Sh%C3%A2b-ou-nuit-C%C3%A9cile-Ladjali/dp/2330017855

Hélène Delhamende, La maison de l’autre côté du lac, 2017

Hélène Delhamende, La maison de l’autre côté du lac, Edilivre, 2017

Le nouveau roman de l’auteur belge que l’on connaissait pour son récit autobiographique Ma mère quand ça l’arrange. Un adolescent, ou plutôt un pré-adulte, s’ennuie depuis trop longtemps dans un orphelinat où tous les jours se ressemblent. Il rêve d’ailleurs et d’une vie où il se sentirait exister vraiment. Il rêve surtout d’une mère, de celle qui s’est absentée dans son enfance et qu’il espère toujours retrouver, ou d’une autre qui pourrait combler ce vide et ce manque d’amour maternel, ou d’amour tout court. Cet ailleurs se trouve à portée de vue, dans une maison, juste sur l’autre rive du lac. Toute une aventure débute là, dans cette maison qui offre à cet orphelin des parenthèses de vie merveilleuses et des rencontres inimaginables dans sa vie ordinaire ; une aventure ou plutôt une quête vers la prise en main de son destin. Ce roman, écrit à la première personne, d’une écriture très féminine (malgré le personnage masculin), surprend le lecteur en le promenant, par un récit entre réalité et imaginaire, souvenirs et fantasmes, voire fiction dans la fiction.

https://www.amazon.fr/Maison-lautre-c%C3%B4t%C3%A9-lac/dp/2414103906

 

Xavier de Moulins, Les hautes lumières, JC Lattès, 2017

Xavier de Moulins, Les hautes lumières, JC Lattès, 2017

Histoire de maternité et histoire d’amour, histoires qui se croisent, histoire de choix. Nina n’arrive pas à devenir mère, le diagnostic est sans appel : Vous ne serez jamais mère. Son mari Tahar la soutient, la porte dans l’espoir et le désespoir. C’est une kafala familiale qui leur permettra d’être parents mais l’administration française leur refuse le visa pour l’enfant. Commence alors une quête afin de trouver une solution pour faire sortir l’enfant du Maroc. Tandis que Nina se débat au Maroc, Tahar rencontre Françoise, une photographe qui va lui proposer son aide mais dont il va également tomber amoureux.

On est happé par la belle écriture sans fioriture de l’auteur (phrases courtes, percutantes, chapitres très courts) qui interroge la puissance destructrice de nos désirs, l’ambivalence des êtres et les caprices du destin. Xavier de Moulins se glisse avec réalisme dans la peau de cette femme, qui se perd dans son désir d’enfant et se noie dans le bonheur d’être enfin mère, et dans celle de cet homme discret et timide. h

ttps://www.amazon.fr/hautes-lumi%C3%A8res-Xavier-Moulins/dp/2709660598

 

Abandopté ! Ou le récit d’une vie magnifique

VIRET Andrès, Abandopté ! Ou le récit d’une vie magnifique

Le roman autobiographique d’Andrès Viret nous emmène tout au long de ses 33 années d’existence et raconte avec précision les différentes étapes de sa vie. Né en Colombie, il a été adopté par une famille suisse alors qu’il avait 4 ans. Son enfance magnifique dans sa nouvelle famille est contée avec beaucoup d’humour et de reconnaissance. Narrant les étapes les plus difficiles, il a littéralement posé son cœur sur une feuille blanche ; rares sont les témoignages qui vont aussi loin dans les détails de l’obscurité mais avec toujours la volonté de penser que la lumière n’est jamais très loin. Ce livre témoigne d’un immense bonheur, d’un amour sans limite pour sa famille et tente humblement de changer une image de l’adoption parfois mal connue du grand public.

https://www.abandopte.com/
 

On regardait s’approcher les nuages

Mère de deux garçons adoptés « grands », en fratrie, au Brésil, Gaëlle Drevet nous fait partager le cheminement de son couple et de sa famille, les turbulences des premières années et la construction au fil du temps d’une « famille à quatre ». Six années d’espoir, de larmes, de cris mais aussi de rires et de tendresse.

Premier ouvrage de la toute nouvelle collection « Témoignage » d’Enfance & Familles d’Adoption, On regardait s’approcher les nuages apporte de nombreuses pistes de réflexion aux postulants qui se tournent vers l’adoption d’enfants grands, en fratrie. Il sera tout aussi utile aux professionnels qui accompagnent les familles adoptives.

Un livre fort, d’une lucidité et d’une franchise peu communes, sur les différentes étapes du parcours de l’auteur : du choix de devenir parent par adoption jusqu’à la rencontre des enfants, puis le long chemin de l’adaptation et de l’attachement mutuel, enfin la remarquable évolution des enfants et de toute la famille.

https://www.babelio.com/livres/Drevet-On-regardait-sapprocher-les-nuages/748990



Heureusement, j’ai été adopté, 2011

TRAD Alexandre, Heureusement, j’ai été adopté, Back to Broumana, Société des écrivains, 2011

Après un premier voyage au Liban et à l’orphelinat où il a été recueilli, Pierre- Olivier rentre en France sans rien avoir appris de son histoire. Quelque temps après, un message inattendu de Sœur Josèphe (de l’orphelinat libanais) l’informe qu’elle a finalement retrouvé des documents le concernant, égarés dans un dossier voisin. Ceux qui lui ont donné la vie seront-ils au rendez-vous de ce second voyage ? Surgit alors une famille, chaleureuse, très orientale, composée de frères, sœurs, tantes, amis, tous enthousiastes à l’idée de revoir cet enfant si longtemps oublié pour les uns, ignoré pour les autres. Comme dans un roman à suspense, l’auteur a su parfaitement traduire les états d’âme complexes et ambivalents qui précèdent des retrouvailles, faits d’impatience, d’espoirs et d’inquiétude. Heureusement, l’auteur s’est construit au sein de sa famille en France. Il est père de famille, a le recul et la maturité nécessaire pour réaliser qu’il n’était pas dans une démarche affective, mais poussé par un besoin d’information et de compréhension de son histoire. Un ouvrage qui peut certainement aider ceux qui cherchent leurs origines à aborder cette démarche avec lucidité, et sans nourrir trop d’attentes.

https://www.decitre.fr/livre-pod/heureusement-j-ai-ete-adopte-9782748365566.html

Dis merci ! Tu ne connais pas ta chance d’être adoptée, 2005

MONESTIER Barbara, Dis merci ! Tu ne connais pas ta chance d’être adoptée, Anne Carrière, 2005

Que signifie ce fameux « parcours du combattant » du parent adoptif pour aller vers l’enfant tant attendu et espéré, en regard de la souffrance de l’enfant adopté qui n’a pas choisi de l’être, qui n’y a pas été préparé ? Dans un témoignage sincère et sensible, Barbara Monestier explique comment « la cassure de sa naissance ratée » a, depuis son arrivée du Chili à l’âge de 4 ans et demi, guidé ses comportements et ses relations aux autres. Durant des années, elle vit, tiraillée entre la volonté de s’intégrer, d’être conforme à ce qu’on attend d’elle, d’être une enfant comme les autres, et une revolte sourde qui gronde en elle et la conduit à des excès de colère et de provocation vis-à-vis de son entourage. Ce témoignage n’est pas un réquisitoire contre l’adoption mais l’expression d’une souffrance qui fut impossible à dire avec des mots et d’un énorme malentendu qui nous rappellent à quel point l’adoption doit d’abord être un désir de part et d’autre, un consentement et un apprivoisement mutuels.

https://www.decitre.fr/livres/dis-merci-tu-ne-connais-pas-ta-chance-d-avoir-ete-adoptee-9782843373121.html

Magnitude 7.3, 2011

LEROY Tinan, Magnitude 7.3, Alma éditions, 2011

Tinan arrive en France à l’âge de 4 ans 1/2, adopté par une femme célibataire. Il nous dit très peu de choses sur son enfance, sauf qu’il garde quelques souvenirs de son grand frère et de sa mère de naissance. À l’âge de 22 ans, il part en Haïti rencontrer sa famille d’origine, découvre la culture et (ré)apprend le créole… Enfin un livre qui parle de la double culture, de la double appartenance et de la difficulté à se situer. L’argent tient aussi une place importante, mais c’est surtout un livre sur le parcours d’un jeune homme qui se cherche et qui finit par se trouver. Lorsqu’il découvre dans quelles conditions il a été adopté, il forme le vœu de retrouver la quarantaine d’enfants qui vivaient dans la même crèche.