Mon livre à moi, l’album de mon adoption
Gauthier Languereau, 2013
MITARANGA Pascaline (ill.), CARRÉ-SOURTY Aude et PERROT-MALAVAL Bénédicte,

Un bel album à compléter pour garder une trace de l’histoire de l’adoption. Il offre la possibilité aux parents de mettre des mots sur leur désir d’enfant, leur attente, leurs émotions, prendre note des conditions dans lesquelles vivait leur enfant et des circonstances de leur rencontre. L’album accompagne ensuite l’enfant dans ses découvertes et les grandes étapes de sa nouvelle existence. On peut regretter cependant que l’ouvrage gomme l’histoire de l’enfant avant l’apparentement, une formule plus souple aurait offert la liberté de l’évoquer ou pas, en fonction des éléments disponibles et du désir de l’enfant. Dommage également qu’une présentation très figée empêche l’utilisation de cet album au sein des familles monoparentales.

Les Mèresveilleuses, Nathalie Longevial

Une légende orientale raconte qu’un ruban rouge unit toutes les personnes qui doivent se rencontrer au cours de leur vie. Le fil s’emmêle, se tend, il peut faire vingt fois le tour de la terre, il s’étirera toujours suffisamment pour permettre la rencontre.
C’est une longue traversée qui débute pour Alexandre, Mathilde et Tien Sinh avant qu’ils ne trouvent chacun l’extrémité du fil rouge. Dans les Mèreveilleuses, il est question de maternité, d’abandon, d’adoption, de loyautés, de légitimité, de parentalité et de famille. Mais surtout, il y est question d’amour.

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Ce commentaire a été publié dans le numéro 197 de la revue Accueil

Les garçons russes ne pleurent jamais, Valérie Van Oost

Sacha, 17 ans, fait exploser les règles, joue au funambule sur la crête de la délinquance, se cogne à son angoisse identitaire. Mais peut-il écrire la suite alors qu’il ne connaît pas le début ? Pour partir à la découverte des racines de leur fils, adopté en Russie, Antoine et Juliette organisent une croisière sur la Volga. Comme un voyage de la dernière chance. Mais ce qui intéresse Sacha, ce n’est pas le folklore pour touristes que ses parents lui présentent. Ce qu’il veut découvrir, c’est l’autre face du pays avec ses immeubles soviétiques et sa jeunesse paumée. Au fil des escales, des cités de Saratov aux rives de l’Oka, des rencontres qui révèlent le pays comme des poupées russes, Sacha embarque pour un véritable voyage initiatique. Ce périple de Moscou à Astrakhan permettra-t-il à Antoine et Juliette de renouer avec leur fils ? Le couple abîmé par l’adolescence explosive de Sacha pourra-t-il se retrouver ? Dans ces 400 coups où le beat du rap croise la pop russe et les berceuses cosaques, la quête d’identité désespérée d’un enfant affronte l’amour inconditionnel d’une mère. Une histoire poignante à la croisée du récit de voyage et du roman initiatique.

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Ce commentaire a été publié dans le numéro 197 de la revue Accueil

« Maintenir des liens à tout prix est ce que nous faisons quand nous n’écoutons pas les souffrances psychiques, l’angoisse d’abandon persistante, les incohérences éducatives et affectives auxquelles les enfants sont soumis au quotidien. »1 Cette phrase de Françoise Peille résume bien le récit de Stéphanie, cette petite fille qui ne souhaitait qu’une seule chose : vivre protégée et aimée par sa « famille de cœur ».

À l’âge de 4 mois, Stéphanie est placée en pouponnière car elle est en danger chez ses parents qui souffrent de problèmes psychiatriques. À 11 mois, des signes d’hospitalisme apparaissent et elle est placée en famille d’accueil. Stéphanie grandit et se développe en s’attachant à son assistante familiale et ses cinq enfants. Mais pour l’Aide sociale à l’enfance, le lien mère-enfant doit s’installer et être soutenu. Aussi, sa mère biologique lui rend fréquemment visite puis demande à la recevoir chez elle, mais malheureusement la greffe ne prend pas. Stéphanie est très angoissée et sa mère ne semble pas capable de s’occuper de sa fille, elle vit d’ailleurs chez ses parents. Quant à son père, alcoolique et atteint de schizophrénie, il la terrorise. S’ajoutent à ces tensions, les jugements pour renouveler son placement tous les deux ans, qui perturbent l’adolescente et viennent aggraver le climat d’insécurité dans lequel elle vit. À l’âge de 15 ans, c’est le coup de grâce, sa mère exige de reprendre sa fille alors que la relation est de plus en plus difficile. Stéphanie mènera alors un véritable combat pour que les juges tiennent compte de ses souhaits et des difficultés qu’elle ressent au contact de sa mère. Qu’importe son avis, son anxiété, sa peur et sa souffrance, l’adolescente doit quitter sa famille de cœur, pour partir vivre chez sa mère. Stéphanie se rend compte qu’elle n’est pas entendue par les adultes chargés de s’occuper d’elle, que les décisions sont prises sans qu’on tienne compte de son avis. Au fond, elle n’est pas reconnue en tant que personne, alors, à 15 ans, c’est elle qui écrira directement au juge. Sur les conseils, d’ailleurs, d’une éducatrice.

Ce livre pose le délicat problème du rôle et de la place des familles d’accueil auprès des enfants qu’ils accueillent provisoirement. Peut-on vivre avec des enfants, les éduquer sans leur apporter affection ni amour ? Certes, être famille d’accueil est un métier, ce qui représente un coût financier pour la collectivité, mais faut-il pour autant accéder aux demandes des parents de naissance de reprendre leurs enfants sans tenir compte de « l’intérêt de l’enfant » ? La fameuse loi des « liens du sang », dans le cas présent, semble primer sur toute autre considération. Ce livre, préfacé par le Dr Maurice Berger, est un document qu’il faut lire. S’appuyant sur des courriers ou rapports contenus dans le dossier de Stéphanie, il va bien au-delà du témoignage, il permet de comprendre une certaine « philosophie » qui sous-tend la politique de l’Ase.

Grâce à son potentiel et à une volonté à toute épreuve, l’avenir de Stéphanie s’éclaircira. Mais pour une grande majorité de jeunes, le problème de leur devenir reste entier : que deviennent-ils lorsque sonne le glas de la majorité ? Âge où ils ne sont plus pris en charge – sauf s’ils peuvent bénéficier d’un « contrat jeune majeur ». La famille biologique n’est pas toujours la bonne réponse.

https://www.decitre.fr/livres/le-jour-ou-j-ai-choisi-ma-famille-9782100809554.html

Ce commentaire a été publié dans le numéro 196 de la revue Accueil

Lorsque le Vietnam s’ouvre à nouveau à l’adoption internationale, les candidats qui souhaitent adopter des enfants déjà grands sont les bienvenus. Ainsi, Camille, 10 ans, et sa sœur Léa, 8 ans, sont confiées à un couple français par un OAA. Après la traditionnelle lune de miel, leur mère constate chez les fillettes, au hasard de faits anodins du quotidien, des comportements étranges. Par petites touches, le doute commence à s’insinuer dans son esprit, mais il lui faudra beaucoup de temps pour comprendre de quoi il retourne : Je ne pouvais pas me douter, à ce moment-là, que cette peur [qui envahit l’une des filles] serait capable du pire. Un livre qui soulève le problème de l’information et de la transparence des dossiers des enfants sur leur histoire, mais aussi de l’accompagnement des parents, incapables, sans une aide très spécifique, de déceler ce qui se trame chez leurs enfants et qui gangrène la relation parents-enfants. Certains adoptés ne peuvent pas s’attacher. Dans une très belle langue, les manifestations de ce trouble sévère de l’attachement sont analysées avec lucidité, mais sans rancœur.

https://www.editionsdelaremanence.fr/livre/une-adoption-particuliere/

Ce commentaire a été publié dans le numéro 196 de la revue Accueil

Saisir la balle au bond ou la vague au vent. Pas toujours facile. Il faut une bonne dose d’audace et de courage pour… tout quitter. Anaïs Vanel s’est jetée à l’eau, plongeant dans une passion de mer qui l’a propulsée sur un surf et lancée dans les pages d’un livre. Non pas un livre sur l’adoption mais un récit littéraire qui, par petites touches, cherche à dire sa vie d’avant et sa vie choisie. Depuis sa naissance en lointaine Chine en passant par son enfance auvergnate jusqu’à ses années trépidantes de jeune éditrice parisienne « comblée », Anaïs, à coups de bribes de vie trouvées, retrouvées, repérées a cherché à coller les morceaux qui façonnent sa véritable identité. De ce passé mosaïque, de ces fragments de vie orchestrés en une ronde des saisons est né ce récit « impressionniste », où l’on perçoit que l’enfance tient une part majeure, où l’on devine que le frère complice si cher, que les parents (adoptifs) mis à distance ces dernières années tiennent une part essentielle. La simplicité d’une vie dépouillée, une âme mise à nu, la mer ont opéré comme une renaissance chez cette sportive qui a su prendre la vague « au bond ». En même temps qu’elles ont signé la naissance d’un livre talentueux dont les mots délicats et pudiques nous ont beaucoup émus.

https://www.decitre.fr/livres/tout-quitter-9791033908357.html

Ce commentaire a été publié dans le numéro 195 de la revue Accueil