LADJALI Cécile, Shâb ou la nuit, Actes Sud, 2013

Alors qu’elle méprisait l’autofiction la considérant comme des textes complaisants sans profondeur, Cécile Ladjali s’est laissé dicter l’écriture de Shâb comme un commandement et on l’en remercie. À travers des pages émouvantes, elle revient sur ses années d’enfance, petite fille puis jeune fille trop brune qui peine à trouver sa place, et rend hommage à ses parents adoptifs, trop tôt disparus : son père, déchiré par sa propre histoire, muré dans son silence et sa violence, sa mère, la belle Jeannine, discrète et adorée. Adoptée bébé, Cécile a été sevrée de mots pour comprendre son histoire, son abandon. Alors, très vite, elle découvre la lecture et l’écriture : « j’ai compris très tôt que pour ne pas me laisser envahir par le silence, il fallait aller à la recherche des mots. Parler le plus possible. Écrire aussi. » Elle deviendra donc enseignante en littérature et écrivain. Alors qu’elle est déjà mère d’un petit garçon, envahie par la souffrance, anorexique pour ne plus être « un sac à merde », elle finit par rencontrer sa mère biologique. Retrouvailles douloureuses où les mots se font durs, mais qui lui permettent d’aller de l’avant, de mettre au monde un nouvel enfant et de se mettre au monde par et avec les mots.

https://www.amazon.fr/Sh%C3%A2b-ou-nuit-C%C3%A9cile-Ladjali/dp/2330017855