Depuis son plus jeune âge Pénélope vit seule sous l’emprise d’une mère toxique. Lorsqu’elle tombe enceinte, Pénélope se résout à confier à l’adoption l’enfant qu’elle mettra au monde, une petite fille, Garance, qui n’a pas de père non plus. Garance deviendra Romane avec ses parents adoptifs : des parents exceptionnels, bienveillants, qui aiment leur fille d’un amour inconditionnel – le trait paraît parfois un peu forcé. Jusqu’au jour où Pénélope ressurgit dans la vie de Romane…

https://editions-sarbacane.com/romans/des-astres

Commentaire publié dans le numéro 196 de la revue Accueil

Magali Chiappone-Lucchesi et Bérengère Mariller-Gobber, Madame et Monsieur, Glénat jeunesse, 2021

Cette courte histoire permettra d’expliquer l’adoption aux tout-petits. Dans ce livre, l’enfant n’est pas encore arrivé, mais l’émergence du projet d’adoption suffit à redonner le goût de la vie à ce couple si triste de ne pas pouvoir avoir d’enfant. À la lecture de cette histoire, l’enfant comprendra que ses parents sont heureux, grâce à lui.

https://www.glenat.com/albums/madame-et-monsieur-9782344046241

Ce commentaire a été publié dans le numéro 200 de la revue Accueil

Éric Sanvoisin, Mon cœur dans la tempête, Utopique, 2021

Milo vient d’apprendre par son oncle qu’il est né au Kazakhstan. Sous le choc de la nouvelle, il décide de fuguer, même si au fond de lui, il savait, mais refusait de l’entendre. Les diverses rencontres qu’il fera au cours de son errance lui permettront de réfléchir à son abandon et mieux accepter son adoption. Pour les jeunes adolescents, et peut-être aussi pour les parents qui pensent avoir déjà dit leur histoire à leurs enfants.

https://www.decitre.fr/livres/mon-coeur-dans-la-tempete-9791091081559.html

Ce commentaire a été publié dans le numéro 200 de la revue Accueil

Véronique Piaser-Moyen, Titania, histoire d’un baby business, Atramenta 2021

Titania a été adoptée au Sri Lanka, en 1985, en démarche individuelle. En 2018, elle fait part à ses parents de son souhait de retrouver sa famille biologique, c’est le début d’un drame qui s’abat sur la famille. Très vite, les parents de Titania découvrent, grâce à une relation sur place, qu’ils ont eu affaire à un trafic d’enfants. Entre la douleur qui les accable et la rage d’être tombés dans un piège, les époux repartent au Sri Lanka, bien décidés à mener à bien leurs investigations et à retrouver la mère biologique de leur fille.

Titania, c’est le livre des vérités qui dérangent, des pratiques frauduleuses des intermédiaires. C’est aussi la volonté de crier leur indignation d’avoir été trompés, de dénoncer un scandale, celui des autorités sri-lankaises et françaises qui ont fermé les yeux sur les trafics… Pourtant, dès son arrivée au Sri Lanka, plusieurs détails avaient surpris Véronique, mais le bonheur d’accueillir ce bébé avait balayé ses doutes. Au point, une fois rentrée en France, de proposer ses services à une « œuvre » déjà implantée en Indonésie, pour aider les futurs adoptants à constituer leur dossier. Véronique est la première à se reprocher sa naïveté à une époque où l’adoption pouvait s’apparenter à une démarche proche de l’« humanitaire ».

Avec ce livre, Véronique et son mari veulent faire savoir qu’à cette époque déjà, l’État français était au courant de ces trafics et qu’il n’a pas cherché à empêcher ces adoptions. En 2019, l’Obs publiera un reportage « Nos enfants volés du Sri Lanka » et France 2 consacrera l’une de ses émissions Envoyé spécial au même sujet.

https://www.decitre.fr/livres/titania-9789523408937.html

Ce commentaire a été publié dans le numéro 200 de la revue Accueil

Akira Mizubayashi, Âme brisée, Gallimard 2019

Tokyo, 1938, en plein conflit sino-japonais, des militaires font irruption dans la salle où Yu et ses trois amis chinois, restés vivre au Japon, répètent Rosamonde de Schubert. Le quatuor est embarqué manu militari, le violon de Yu détruit. Rei, le fils de Yu, que son père avait caché, échappe à la rafle mais ne reverra jamais son père. C’est un officier japonais, lui aussi mélomane, qui délivre l’enfant et lui remet le violon sauvagement fracassé. Le traumatisme de cette scène fait naître chez Rei le désir de devenir luthier, choix que ses parents adoptifs respectent. En effet, ayant perdu sa mère en bas-âge, Rey est adopté en France par des amis de son père. Grâce à son métier, il retrouvera ceux qui ont connu son père… Un récit d’une grande profondeur où se mêlent souvenirs, déracinement, deuil, autant de thèmes traités avec une grande pudeur. Une fois n’est pas coutume, c’est grâce à la musique classique qu’un orphelin renoue avec son enfance et restaure « l’âme » du violon de son père.

https://www.decitre.fr/livres/ame-brisee-9782072921216.html

Ce commentaire a été publié dans le numéro 200 de la revue Accueil

Katie Naftzger et Françoise Hallet (trad.), Adoption : comment bien gérer l’adolescence, De Boeck, 2021

Thérapeute familiale américaine, Katie Naftzger nous livre ici un ouvrage concret, ponctué de conseils et de témoignages, qui s’appuie sur quinze années de travail avec des ados adoptés et des familles adoptives, ainsi que sur sa propre expérience de personne adoptée. Sur le principe d’un guide, elle aborde de nombreux sujets comme le vécu des pertes et des ruptures chez les adoptés, les liens émotionnels, le racisme et les stéréotypes, les problèmes de santé mentale, envisager l’avenir… Avec l’objectif, nous dit-elle, non pas de dire comment votre ado pourrait changer mais de parler de la façon d’être parent autrement.

https://www.decitre.fr/livres/adoption-comment-bien-gerer-l-adolescence-guide-pour-les-parents-adoptifs-9782807331235.html

Ce commentaire a été publié dans le numéro 200 de la revue Accueil

Une poupée en chocolat, Amandine Gay

Née sous le secret, Amandine Gay a été adoptée par une famille blanche alors qu’elle-même est noire. Son histoire personnelle, les expériences douloureuses de l’enfance à l’âge adulte, le regard porté sur elle comme adoptée, comme personne noire, sa formation de sociologue, les rencontres avec d’autres personnes adoptées ont incité Amandine Gay à se questionner sur l’identité, la filiation, la parentalité, la famille et la réalité – souvent niée – du racisme en France. Cet essai autobiographique, développant une analyse que l’autrice revendique politique, a la volonté d’inscrire l’adoption dans un contexte socio-historique au travers des rapports de classes, du passé colonial des pays occidentaux, des inégalités mondiales, et s’interroge sur les fondements de l’adoption internationale et plus particulièrement de l’adoption dite « transraciale ». La réflexion et les prises de position de l’autrice peuvent parfois déranger ou choquer mais elles ont le réel mérite d’alimenter le débat.

https://www.editionsladecouverte.fr/une_poupee_en_chocolat-9782348055805

Ce commentaire a été publié dans le numéro 200 de la revue Accueil

Kim Thúy, em, Liana Levi, 2021

Une suite de portraits saisissants du Vietnam, depuis l’époque de la colonisation française jusqu’à la fin de la guerre américaine, avec ses atrocités, mais aussi ses élans de solidarité. Par touches successives, on découvre des enfants nés de relations entre des soldats américains et des femmes vietnamiennes. Le plus souvent se sont des orphelins, des bébés, abandonnés dans les rues de Saigon dans des boîtes en carton ; d’autres, plus grands, tentent de survivre en chapardant pour se nourrir. Lors du baby lift à destination des États-Unis où des familles adoptantes les attendent, certains d’entre eux explosent en vol.

Les Vietnamiens les plus « chanceux » sont évacués pendant l’opération Frequent wind dans une atmosphère de fin du monde. Une fois arrivés, ils se lancent dans l’industrie du vernis à ongles, ouvrent des salons de manucure où, à force de travail, ils feront fortune. Ils ont laissé derrière eux des forêts dévastées par les herbicides et les dioxines, des rizières asséchées, des enfants aux innombrables malformations congénitales. Pourtant, deux des personnages devenus adultes se retrouvent, leur histoire d’amour donne son sens au livre et à sa couverture : une boîte en carton d’où s’échappent des fils. Bouleversant.

https://www.lianalevi.fr/catalogue/em/

Ce commentaire a été publié dans le numéro 199 de la revue Accueil

Jean Baptiste Andréa, Des diables et des saints, L’iconoclaste, 2021

Joseph, un homme d’âge mur, joue du piano – uniquement du Beethoven – sur les pianos publics que l’on trouve parfois dans les gares et les aéroports. Son talent lui vaut l’admiration des voyageurs mélomanes mais Joseph n’attend pas la reconnaissance, il attend quelqu’un. Il a 16 ans lorsque ses parents et sa sœur meurent dans un accident d’avion, et il est placé dans un pensionnat religieux des Pyrénées : Les Confins. Les journées de maltraitance s’écoulent sous l’œil de l’abbé Sénac, un homme sadique et un peu pervers, censé veiller sur eux. Jusqu’au jour où Joseph rencontre Rose, une jeune fille à qui il doit apprendre à jouer du piano… Avec ses copains orphelins, ils échafaudent d’autres vies que la leur, chacun se met à rêver de jours meilleurs et d’une évasion qui les libèrera de cet orphelinat. On découvre alors la capacité des enfants à s’enfuir de leur quotidien grâce à leur imagination. C’est le côté positif de ce roman, qui parvient à nous faire sourire et même à nous faire rire et, surtout, qui change le regard habituellement porté sur les enfants malmenés par la vie. Ce roman sur la musique est aussi une belle histoire d’amitié et une histoire d’amour.

https://editions-iconoclaste.fr/livres/des-diables-et-des-saints/

Ce commentaire a été publié dans le numéro 199 de la revue Accueil

W. Bertile, P. Ève, G. Gauvin et P. Vitale, Les enfants de la Creuse, Le Cavalier Bleu, 2021

Après la publication en 2018 d’un rapport très documenté sur la transplantation de mineurs de l’île de La Réunion en métropole (disponible sur Internet), un ouvrage, plus accessible, rédigé par les mêmes auteurs, revient sur quelques « idées reçues » à propos de cette dramatique affaire. Entre 1963 et 1984, la Ddass de La Réunion a envoyé 2 015 mineurs vers 83 départements métropolitains (pas uniquement vers la Creuse). Le livre apporte un éclairage réaliste et dépassionné sur des faits très complexes, tantôt incompris, tantôt déformés et souvent jugés à la lumière des critères du xxie siècle. Sans jamais chercher à justifier cette politique de migration d’enfants, mais en la replaçant dans le contexte de l’époque, l’ouvrage revient sur quelques points sujets à controverse. Le rappel de la politique de migration initiée avec la création du Bumidom et le glissement qui s’est opéré à l’égard des enfants permettent de nuancer et de contrebalancer les termes « d’esclavage » ou de « déportation », dont la presse s’est souvent fait l’écho. Toutefois, « expliquer n’est pas excuser » rappellent inlassablement les auteurs qui pointent les graves dysfonctionnements de l’Ase et leurs conséquences dramatiques sur les enfants transplantés. Ce qu’une médécin de l’Ase décrit en 1973 comme une « utopie dangereuse ».

http://www.lecavalierbleu.com/livre/enfants-de-creuse/

Ce commentaire a été publié dans le numéro 199 de la revue Accueil