Filles du vent – Mathilde Faure

Mathilde Faure, Filles du vent, Charleston, 2021

L’Escale, un foyer de l’Aide sociale à l’enfance, accueille des jeunes filles aux parcours de vie cabossés, placées par décision judiciaire. Leur quotidien est fait d’agressivité, de violence physique et morale, de solitude, de fugues : leur « sport » préféré. Seule Assa comprend que les études sont sa bouée de secours, la clé de son indépendance future. Par ses lectures, elle découvre le mouvement « Nous toutes » qui lutte contre les agressions sexistes et sexuelles. Alors, sans qu’un réel lien d’amitié les unissent mais se sentant concernées par cette cause, Assa, Céline et Lina décident d’organiser une fugue grand format à travers la France pour coller des affiches afin de briser le silence qui règne sur leurs existences. Au cours de ce périple, chacune découvre peu à peu des notions qui leur étaient étrangères jusque-là comme l’amitié, la solidarité et le besoin d’être respectées. L’envie aussi de commencer à penser à leur avenir…

Avec une grande finesse et non sans humour parfois, Mathilde Faure, ancienne éducatrice spécialisée, dresse des portraits saisissants témoignant de ce monde invisible des enfants placés et de leurs éducateurs. Instructif et passionnant pour qui veut comprendre la vie que mènent ces adolescents.

https://www.decitre.fr/livres/filles-du-vent-9782368126455.html

Ce commentaire a été publié dans le numéro 201 de la revue Accueil

Les mères adoptives – Georgeta Le Ray-Mitrea,

Les mères adoptives, Georgeta Le Ray-Mitrea,

Parsemé de vignettes cliniques comme autant d’historiettes rendant la lecture fluide et accessible, l’ouvrage n’en reste pas moins destiné aux professionnels. En s’appuyant sur la théorie freudienne, l’autrice interroge les mouvements sous-jacents – refoulés, déniés, insus – à l’œuvre chez les mères adoptives et dans leur relation à leur enfant en particulier et à la maternité en général. L’adoption demande un travail psychique qui concerne autant l’enfant que la mère, où entrent en jeu, en résonnance ou en conflit, l’imaginaire et la réalité, notamment de l’abandon. Qu’en est-il de la place de toutes les mères : celle de la mère adoptive, celle de la mère biologique de l’enfant, celle de la mère de la mère adoptive ? Quant aux relations mère-fille, que révèle l’adoption de l’axe féminin de filiation ? Comment les liens et l’imaginaire s’articulent-ils autour de l’enfant qui peut se retrouver au centre d’un imbroglio psychique ?

Scène originaire, fantasmes, pulsions, séduction, lapsus, désir inconscient, défenses, l’étrange et l’inconnu, mythe et réalité, la tragédie d’Œdipe… sont parmi les concepts que G. Le Ray-Mitrea sonde pour raconter cette histoire de maternité, celle de la conception de l’enfant adopté. Pour lecteurs avertis, rompus à la terminologie freudienne, ou du moins fortement intéressés, voire conquis par les théories psychanalytiques.

https://www.puf.com/content/Les_m%C3%A8res_adoptives

Ce commentaire a été publié dans le numéro 201 de la revue Accueil

Amandine Gay – Une histoire à soi

Les récits de vie de cinq personnes nées à l’étranger et adoptées par des familles françaises. Un documentaire émouvant qui propose une réflexion riche sur les racines, l’adoption et la famille.

Iels s’appellent, Anne-Charlotte, Joohee, Céline, Niyongira, Mathieu. Iels ont entre 25 et 52 ans, sont originaires du Brésil, du Sri Lanka, du Rwanda, de Corée du Sud ou d’Australie. Ces cinq personnes partagent une identité : celle de personnes adoptées. Séparé.e.s dès l’enfance de leurs familles et pays d’origine, ils ont grandi dans des familles françaises. Leurs récits de vie et leurs images d’archives nous entraînent dans une histoire intime et politique de l’adoption internationale.

Les films du losange

Des astres – Séverine Vidal

Depuis son plus jeune âge Pénélope vit seule sous l’emprise d’une mère toxique. Lorsqu’elle tombe enceinte, Pénélope se résout à confier à l’adoption l’enfant qu’elle mettra au monde, une petite fille, Garance, qui n’a pas de père non plus. Garance deviendra Romane avec ses parents adoptifs : des parents exceptionnels, bienveillants, qui aiment leur fille d’un amour inconditionnel – le trait paraît parfois un peu forcé. Jusqu’au jour où Pénélope ressurgit dans la vie de Romane…

https://editions-sarbacane.com/romans/des-astres

Commentaire publié dans le numéro 196 de la revue Accueil

Madame et monsieur

Magali Chiappone-Lucchesi et Bérengère Mariller-Gobber, Madame et Monsieur, Glénat jeunesse, 2021

Cette courte histoire permettra d’expliquer l’adoption aux tout-petits. Dans ce livre, l’enfant n’est pas encore arrivé, mais l’émergence du projet d’adoption suffit à redonner le goût de la vie à ce couple si triste de ne pas pouvoir avoir d’enfant. À la lecture de cette histoire, l’enfant comprendra que ses parents sont heureux, grâce à lui.

https://www.glenat.com/albums/madame-et-monsieur-9782344046241

Ce commentaire a été publié dans le numéro 200 de la revue Accueil

Mon cœur dans la tempête – Éric Sanvoisin

Éric Sanvoisin, Mon cœur dans la tempête, Utopique, 2021

Milo vient d’apprendre par son oncle qu’il est né au Kazakhstan. Sous le choc de la nouvelle, il décide de fuguer, même si au fond de lui, il savait, mais refusait de l’entendre. Les diverses rencontres qu’il fera au cours de son errance lui permettront de réfléchir à son abandon et mieux accepter son adoption. Pour les jeunes adolescents, et peut-être aussi pour les parents qui pensent avoir déjà dit leur histoire à leurs enfants.

https://www.decitre.fr/livres/mon-coeur-dans-la-tempete-9791091081559.html

Ce commentaire a été publié dans le numéro 200 de la revue Accueil

Titania – Histoire d’un baby business

Véronique Piaser-Moyen, Titania, histoire d’un baby business, Atramenta 2021

Titania a été adoptée au Sri Lanka, en 1985, en démarche individuelle. En 2018, elle fait part à ses parents de son souhait de retrouver sa famille biologique, c’est le début d’un drame qui s’abat sur la famille. Très vite, les parents de Titania découvrent, grâce à une relation sur place, qu’ils ont eu affaire à un trafic d’enfants. Entre la douleur qui les accable et la rage d’être tombés dans un piège, les époux repartent au Sri Lanka, bien décidés à mener à bien leurs investigations et à retrouver la mère biologique de leur fille.

Titania, c’est le livre des vérités qui dérangent, des pratiques frauduleuses des intermédiaires. C’est aussi la volonté de crier leur indignation d’avoir été trompés, de dénoncer un scandale, celui des autorités sri-lankaises et françaises qui ont fermé les yeux sur les trafics… Pourtant, dès son arrivée au Sri Lanka, plusieurs détails avaient surpris Véronique, mais le bonheur d’accueillir ce bébé avait balayé ses doutes. Au point, une fois rentrée en France, de proposer ses services à une « œuvre » déjà implantée en Indonésie, pour aider les futurs adoptants à constituer leur dossier. Véronique est la première à se reprocher sa naïveté à une époque où l’adoption pouvait s’apparenter à une démarche proche de l’« humanitaire ».

Avec ce livre, Véronique et son mari veulent faire savoir qu’à cette époque déjà, l’État français était au courant de ces trafics et qu’il n’a pas cherché à empêcher ces adoptions. En 2019, l’Obs publiera un reportage « Nos enfants volés du Sri Lanka » et France 2 consacrera l’une de ses émissions Envoyé spécial au même sujet.

https://www.decitre.fr/livres/titania-9789523408937.html

Ce commentaire a été publié dans le numéro 200 de la revue Accueil

Ame brisée – Akira Mizubayashi

Akira Mizubayashi, Âme brisée, Gallimard 2019

Tokyo, 1938, en plein conflit sino-japonais, des militaires font irruption dans la salle où Yu et ses trois amis chinois, restés vivre au Japon, répètent Rosamonde de Schubert. Le quatuor est embarqué manu militari, le violon de Yu détruit. Rei, le fils de Yu, que son père avait caché, échappe à la rafle mais ne reverra jamais son père. C’est un officier japonais, lui aussi mélomane, qui délivre l’enfant et lui remet le violon sauvagement fracassé. Le traumatisme de cette scène fait naître chez Rei le désir de devenir luthier, choix que ses parents adoptifs respectent. En effet, ayant perdu sa mère en bas-âge, Rey est adopté en France par des amis de son père. Grâce à son métier, il retrouvera ceux qui ont connu son père… Un récit d’une grande profondeur où se mêlent souvenirs, déracinement, deuil, autant de thèmes traités avec une grande pudeur. Une fois n’est pas coutume, c’est grâce à la musique classique qu’un orphelin renoue avec son enfance et restaure « l’âme » du violon de son père.

https://www.decitre.fr/livres/ame-brisee-9782072921216.html

Ce commentaire a été publié dans le numéro 200 de la revue Accueil

Adoption : comment bien gérer l’adolescence ? guide pour les parents adoptifs

Katie Naftzger et Françoise Hallet (trad.), Adoption : comment bien gérer l’adolescence, De Boeck, 2021

Thérapeute familiale américaine, Katie Naftzger nous livre ici un ouvrage concret, ponctué de conseils et de témoignages, qui s’appuie sur quinze années de travail avec des ados adoptés et des familles adoptives, ainsi que sur sa propre expérience de personne adoptée. Sur le principe d’un guide, elle aborde de nombreux sujets comme le vécu des pertes et des ruptures chez les adoptés, les liens émotionnels, le racisme et les stéréotypes, les problèmes de santé mentale, envisager l’avenir… Avec l’objectif, nous dit-elle, non pas de dire comment votre ado pourrait changer mais de parler de la façon d’être parent autrement.

https://www.decitre.fr/livres/adoption-comment-bien-gerer-l-adolescence-guide-pour-les-parents-adoptifs-9782807331235.html

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Une poupée en chocolat – Amandine Gay

Une poupée en chocolat, Amandine Gay

Née sous le secret, Amandine Gay a été adoptée par une famille blanche alors qu’elle-même est noire. Son histoire personnelle, les expériences douloureuses de l’enfance à l’âge adulte, le regard porté sur elle comme adoptée, comme personne noire, sa formation de sociologue, les rencontres avec d’autres personnes adoptées ont incité Amandine Gay à se questionner sur l’identité, la filiation, la parentalité, la famille et la réalité – souvent niée – du racisme en France. Cet essai autobiographique, développant une analyse que l’autrice revendique politique, a la volonté d’inscrire l’adoption dans un contexte socio-historique au travers des rapports de classes, du passé colonial des pays occidentaux, des inégalités mondiales, et s’interroge sur les fondements de l’adoption internationale et plus particulièrement de l’adoption dite « transraciale ». La réflexion et les prises de position de l’autrice peuvent parfois déranger ou choquer mais elles ont le réel mérite d’alimenter le débat.

https://www.editionsladecouverte.fr/une_poupee_en_chocolat-9782348055805

Ce commentaire a été publié dans le numéro 200 de la revue Accueil